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BRUXELLES D'ANTAN, D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN
De coups de cœur en coups de gueule...l'histoire, le patrimoine, les anecdotes insolites, les petits secrets, les découvertes, les curiosités, les grands projets et les actualités qui rendent notre ville vivante, passionnante et attachante mais aussi parfois complètement surréaliste.

lundi 25 avril 2016

NOS AMIS LES CHATS BRUXELLOIS - Une puce pour tous


Nos amis les chats bruxellois - Badge d'identification dorénavant obligatoire pour tous les chatons nés en Région bruxelloise - (c) Bruxelles-Bruxellons

Le badge d'identification devient obligatoire pour tous les chats nés en Région bruxelloise
(Et notre ministre de l'Intérieur Jan Jambon n'y est pour rien...) 

En 2014, la Région bruxelloise avait instauré l'identification, l'enregistrement et la stérilisation obligatoire pour les chats vendus ou changeant de famille d'accueil. 
Dorénavant la mesure est étendue à tous les chatons bruxellois, nés après l’entrée en vigueur du nouvel arrêté régional, qui devront adopter une puce pour pouvoir les suivre à la trace.

« Les avantages du système centralisé pour les chats sont très nombreux. Je pense par exemple aux propriétaires qui pourront retrouver plus rapidement leur chat égaré. Cela permettra aussi de combattre le phénomène des personnes qui abandonnent leur chat. Et, à terme, nous maintiendrons aussi sous contrôle l’ampleur de la population des chats errants. Malheureusement, à l’heure actuelle, pas moins de 36 % des chats recueillis par les refuges doivent être euthanasiés, soit un total de 900 chats rien que dans les refuges bruxellois" 
Bianca Debaets (Belga)
Secrétaire d'Etat en charge du Bien-être animal


Population féline bruxelloise...

Selon la dernière étude du SPF Economie publiée en 2010 (Chiffres de 2008), la Belgique recense une population de 1.974.000 chats dont 117.000 résident dans les 19 communes bruxelloises. 85.000 ménages bruxellois hébergent au moins un chat (soit 17,6% des ménages et un peu plus de 11 chats pour 100 habitants).

N.B. Ces chiffres ne prennent pas en compte les chats mis en vente dans les animaleries, ceux recueillis dans les refuges et les chats sans domicile fixe.


Nos amis les chats bruxellois - Identification obligatoire - Stérilisation des chats errants à Bruxelles et en Wallonie - Enquête de l'association GAIA - Bruxelles-Bruxellons

Campagnes de stérilisation des chats errants

Selon une enquête menée par l'association GAIA en 2015, la Région bruxelloise devance largement la Région wallonne en matière de stérilisation des chats errants. Sur les 19 communes interrogées, 11 mènent une politique active en ce sens (soit 61%...pour à peine 20% en Wallonie) et 1 se prépare à le faire dans un avenir proche. Par contre, 5 communes bruxelloises n'ont même pas pris la peine de donner suite à l'enquête (c'est donc le cadet de leurs soucis) et 2 ont répondu qu'elles ne voyaient pas l'intérêt d'une campagne de stérilisation. 

Lire l'intégralité du rapport de GAIA (avril 2015)

On se demande d'ailleurs bien pourquoi cette question se gère encore au niveau communal. Au gré de ses balades, le chat errant ne tient évidemment aucun compte des limites territoriales de sa commune, tout particulièrement en milieu urbain. Comme dans d'autres domaines, pour être plus efficaces, les campagnes de stérilisation devraient plutôt relever de la compétence régionale (par exemple via Bruxelles-Environnement). Si GAIA a parfois eu bien du mal à obtenir des réponses claires dans le cadre de son enquête, c'est tout simplement parce qu'il n'y avait aucun interlocuteur responsable au sein de l'administration communale concernée ou qu'il était difficile à identifier.


Jipé

jeudi 14 avril 2016

Ancienne Gare du Midi - Bruxelles disparu


Ancienne Gare du Midi - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Gare des Bogards - L'ancêtre de la gare de Bruxelles Midi à l'emplacement de l'actuelle place Rouppe et du boulevard de Stalingrad - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Notre histoire commence en 1839...
(Neuf ans après l'indépendance des provinces belges)

Cette année-là voit la naissance de la première ligne ferroviaire reliant Tubize  à Bruxelles. Elle est assez rapidement étendue jusqu'à Mons et constitue le premier pas vers la future liaison par train entre Bruxelles et Paris qui n'est encore qu'un rêve lointain.
A l'époque, la gare de terminus bruxelloise est  une simple "bâtisse en bois" construite à l'emplacement du cloître de l'ancien couvent des Bogards dont elle prend le nom...
Elle est située bien plus vers le centre,  sur le lieu de l'actuelle Place Rouppe (Bien connue pour être, être l'adresse du "Comme chez soi", l'un des meilleurs restaurants étoilés de la capitale.)
Les trains à vapeur pénètrent en ville par la large avenue du Midi (actuelle avenue de Stalingrad) qui, à l'époque, est encore bordée de champs et de prairies.

Si ce nouveau mode de transport est initialement destiné à faciliter le transport des marchandises et à assurer un développement économique vital pour la toute jeune Belgique exsangue, il rencontre un vif succès auprès de la population qui l'adopte avec enthousiasme comme mode de transport de passagers.
On parle  d'ailleurs déjà de relier la gare des Bogards (future gare du Midi) à la gare de l'Allée Verte (future gare du Nord) en traversant Bruxelles.
En trois ou quatre décennies, le réseau ferroviaire belge, copié sur celui de l'Angleterre (D'où venait notre premier Roi Léopold 1er) devient le plus dense du continent européen.


Ancienne Gare du Midi - Bruxelles disparu -  Fin du XIXe siècle - Début des années 1900 - Bruxelles-Bruxellons

Ancienne Gare du Midi - Bruxelles disparu -  Début des années 1900 - Bruxelles-Bruxellons

Ancienne Gare du Midi - Début des années 1900 - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi - Bruxelles disparu - Intérieur de la gare - Les quais - Travail de ferronnerie - Bruxelles-Bruxellons

30 ans plus tard...

Au début de la deuxième moitié du XIXe siècle, l'ancienne gare des Bogards (déjà rebaptisée "Gare du Midi" entre-temps) ne répond plus du tout aux besoins et sa situation dans un centre ville qui se développe commence à poser de sérieux problèmes.
L'état fait l'acquisition de terrains marécageux de la Senne situés juste en dehors de l'enceinte de la ville (actuels boulevards de la petite ceinture) pour en construire une nouvelle plus digne de son futur rôle.
Conçue par l'architecte Auguste Payen, elle est mise en service en 1869 et fait le pendant à la majestueuse gare du Nord inaugurée 23 ans plus tôt par le Roi Léopold II à l'autre bout de la ville (1846)
Initialement, elle ne comporte que quatre quais et trois doubles voies d'accès (voir cartes postales anciennes ci-dessus où on n'aperçoit que deux pignons à frontons, la troisième étant au centre derrière le monumental porche d'entrée)...mais elle a été conçue dès l'origine pour pouvoir s'étendre de part et d'autre.

Bien qu'imposant par sa taille et son style, le bâtiment ne manque pas de finesse et d'élégance. La façade est bien rythmée par la succession des colonnades corinthiennes et des arcades. Les pignons de toitures qui marquent les verrières surplombant les différents quais ajoutent un "plus" au dessin de la façade par leurs frontons découpés sur le ciel et les grandes fenêtres en rosaces.
Quant au porche d'entrée évoquent un arc de triomphe, il illustre parfaitement la toute puissance du chemin de fer belge placé sur les rails d'un avenir florissant.
Vous le trouvez un tantinet ostentatoire et prétentieux ?
Et encore...vous ne savez pas tout !
Les artistes-sculpteurs Joseph Ducaju (*) et Louis Samain (*) sont en charge de l'ornementation du portique et, le moins qu'on puisse dire est qu'ils n'y sont pas allés par le dos de la cuillère.
(* Voir en fin de chronique...)
On y trouve plusieurs représentations allégoriques à la gloire des industries métallurgiques et houillères, de la navigation fluviale, du rail, de la poste et des télégraphes... 
Pour couronner le tout, en 1880, Louis Samain réalise une œuvre représentant une femme portant un flambeau, debout sur un char ailé orné de la tête de Mercure. Posée au sommet du portique, elle symbolise (en toute modestie) l'esprit conquérant de la Compagnie des Chemins de Fer. 
Mazette, à cette époque, on n'avait vraiment pas peur d'afficher les réussites et les succès avec un zeste de grandiloquence...mais il faut reconnaître que ça ne manquait pas d'allure !

Gare du Midi - Bruxelles disparu (1869-1949) - Fin du XIXe siècle - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi - 1869-1949 - Bruxelles disparu -  Bruxelles-Bruxellons

Notre gare du midi s'étend petit à petit en augmentant le nombre de voies d'accès et de quais (évolution visible en comptant les pignons en toiture sur les cartes postales anciennes reprises ci-dessus: ceux à droite du porche d'entrée ne sont pas toujours visibles mais il y a un nombre identique de pignons de part et d'autre).
Elle conquiert rapidement le titre envié de "gare la plus fréquentée du pays" en nombre de voyageurs.

Place de la Constitution, face à la gare du Midi


Gare du Midi  - Place de la Constitution - Hôtel de l'Espérance - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi  - Place de la Constitution - Hôtel de l'Espérance - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi - Place de la Constitution (1869-1949) - Vue vers la rue du Midi en sortant de la gare - Bruxelles-Bruxellons

Un nouveau quartier s'anime autour de la vaste et agréable place de la Constitution qui fait face à la gare. Hôtels, tavernes-restaurants, entreprises et commerces viennent s'y établir.
A la veille de la première guerre mondiale, le vieux projet d'une jonction ferroviaire Nord-Midi à travers Bruxelles ressort des tiroirs, il va déboucher sur une longue saga de nouveaux bouleversements chaotiques au sein de la capitale.
On en parle depuis plus d'un demi-siècle et sa concrétisation va causer à terme la disparition définitive des magnifiques bâtiments de la Gare du Nord (1846 - 1952) et de la Gare du Midi (1869 - 1949) tels qu'on les connaissait.
Les premiers travaux   débutent en 1911. Interrompus en 1914 pour les raisons que l'on sait, ils ne reprennent qu'en 1936...à la veille d'une autre guerre mondiale qui marque un nouvel arrêt...et ils ne seront finalisés qu'en 1952.

Était-ce vraiment une bonne idée ?

Certains pensent encore que si on avait choisi de faire cette jonction ferroviaire en contournant la ville plutôt qu'en la traversant de part en part, son "cœur" en aurait moins souffert et la réalisation d'un RER autour de Bruxelles en aurait été, aujourd'hui grandement facilitée (planifié en 1995 pour 2002, promis pour 2012 et, in fine, reporté en...2025)
D'autres diront que la nécessité d'une "Gare centrale" au coeur de Bruxelles était incontournable. Il faut reconnaître qu'à l'époque, personne n'avait encore envisagé la construction d'un métro bruxellois. Le concept existait pourtant déjà bel et bien (Première ligne de métro au monde inaugurée à Londres en 1863 et première ligne de métro parisien  inaugurée en 1900) ...on aurait donc pu prendre exemple chez nos voisins !

Gare du Midi - 1869-1949 - Bruxelles disparu - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi 1869-1949 - Bruxelles disparu - L'explosion finale - Bruxelles-Bruxellons
Massacrée en temps de paix alors qu'elle avait survécu à deux guerres mondiales

Toujours est-il que notre bonne vieille Gare du Midi est la première à en faire les frais. Juste après la seconde guerre mondiale, elle est remplacée par un ensemble d'édifices modernistes en briques jaunes. Si la construction de la nouvelle gare débute en 1939, elle n'est complètement finalisée qu'en 1959. Reculée par rapport à l'ancienne, elle entraîne aussi la disparition définitive de la vaste place de la Constitution.
Conçue par les architectes Adrien & Yvan Blomme associés à Fernand Petit, dans un esprit de grande sobriété, à l'inverse de sa devancière, elle ne brille ni par son élégance, ni par par son intégration dans le paysage urbain. D'allure extérieure massive, elle a visiblement sacrifié l'esthétique sur l'autel du fonctionnel. Sa seule fantaisie: une tour d'horloge qui marque la fin du temps passé.
Cette nouvelle gare a d'ailleurs déjà fait l'objet d'une refonte complète et une extension importante à la fin du XXe siècle pour accueillir les TGV des lignes Paris-Bruxelles-Cologne-Amsterdam.

Était-ce "mission impossible" que de la sauver ?

Une fois de plus, Bruxelles ne s'est malheureusement pas distinguée par un sens aigu de  la préservation de son patrimoine architectural et sculptural du XIXe siècle. Fallait-il en passer par là pour satisfaire aux exigences du progrès ? De nombreux exemples dans les grandes villes d'Europe démontrent le contraire...
Pour ne citer que Paris :  
  • La Gare du Nord date de 1865 - Transformée et agrandie en 1877-1889-1900 - Inscrite au titre de monument historique en 1975 
  • La Gare de Lyon date de 1855 - Reconstruite à l'identique en 1900 suite à un incendie - Classée en 1984. 
  • La Gare d'Austerlitz date de 1867 - Classée en 1997.
  • La Gare de l'Est date de 1850 - Transformée et agrandie en 1885 puis en 1900 - Classée en 1984.
  • La Gare Saint-Lazare date de 1853 - Agrandie et partiellement reconstruite en 1889 -  Classée en 1979 et en 1984.
Si toutes les gares citées ont dû subir d'importantes transformations et agrandissements successifs  pour s'adapter aux nouvelles technologies du transport ferroviaire, à l'accroissement du trafic, aux nouvelles lignes TGV, aux interconnections avec le RER et le métro...l'essentiel de leurs bâtiments historiques a pourtant pu être préservé et elles font toujours partie du paysage urbain parisien. Quant à la gare d'Orsay (seule gare désaffectée de Paris) elle est devenue un superbe musée.

Mais comment diable ont-ils réussi là où nous avons échoué ?
Tout simplement parce qu'à Bruxelles, en réalisant cette fameuse jonction Nord-Midi, nous avons choisi l'option de laisser le train traverser la ville de part en part...en saccageant bien des choses sur son passage.
Bien des années plus tard, les quartiers entourant la nouvelle Gare du Midi et la place Rogier en subissent toujours les conséquences désastreuses.

Essuyons une larme...

A Bruxelles, nous n'avions que trois grandes gares historiques datant du milieu du XIV siècle à sauver et il n'en reste qu'une !
Et encore...la sauvegarde (in extremis) d'un "souvenir" de l'ancienne gare du Luxembourg (1854) est plus symbolique qu'autre chose.

En guise de beau lot de consolation, on se doit de ne pas oublier la belle gare de Schaerbeek dont la partie la plus ancienne date de 1887, la deuxième partie (comprenant la grande salle des guichets) n'ayant été bâtie qu'en 1913.
Par bonheur, elle a été classée en novembre 1994.
Destinée à devenir l'une des stations importantes du futur RER bruxellois, elle accueille également le nouveau "Musée du Train" inauguré en 2015. 
Jipé

Statues et hauts-reliefs de la gare du Midi
(c'est tout ce qu'il en reste...)
Que sont-ils devenus après la démolition ?


A l'époque, il y a bien eu des négociations entre la compagnie des chemins de fer et  la ville de Gand qui souhaitait racheter le fameux portique "arc de triomphe" pour UN franc symbolique mais les frais de démontage, de transport et de reconstruction étaient tellement élevés, que le projet fut vite abandonné.
Par contre, le conseil  communal de Nivelles, poussé par le député permanent  Charles Gheude , a voulu récupérer les reliefs sculptés de Louis Samain, un sculpteur né dans la ville. Dans la foulée de cette opération, la ville fait aussi l'acquisition de l'ensemble de 4 statues du sculpteur Joseph Ducaju, promises initialement à la ville de Gand.
La cession est approuvée le 23 février 1949 et l'enlèvement, par les soins de la ville de Nivelles, a lieu fin 1949
Les quatre statues (symbolisant la Poste, le Télégraphe, le Chemin de fer et la Navigation fluviale) ont trouvé un refuge paisible et verdoyant  le long du grand étang dans le parc de la Dodaine.
Quant aux reliefs sculptés de Louis Samain, ils constituent aujourd'hui le "Monument du Travail" au carrefour du boulevard des Arbalétriers et de la rue de Soignies.
Aucune de ces œuvres d'art plus que séculaires ne serait classée et protégée à ce jour et elles auraient manifestement besoin d'un bon coup de nettoyage (voire d'une sérieuse restauration...) mais il faut saluer le mérite de la ville de Nivelles qui les a probablement sauvées de la destruction ou, à tout le moins, de la dispersion.

Pour l'anecdote: il semble que la ville de Nivelles ait une vraie vocation de "brocanteur" du patrimoine sculptural délaissé par les Bruxellois puisqu'elle a également récupéré in extremis un groupe de chérubins provenant du Grand Hôtel de la Poste  ainsi que les otaries cracheuses d'eau qui ornaient le bassin située au bas des cascades l'ancien Mont des Arts (Lire la chronique sur Bruxelles-Bruxellons) et provenaient de l'Exposition universelle de 1910.

Comme en témoignent les photos de la destruction, personne n'a cependant pris la peine de sauvegarder l'œuvre imposante de Louis Samain qui surmontait le portique depuis 1880. Tel un capitaine restant sur le pont jusqu'au naufrage de son navire, la sculpture monumentale s'est bel et bien fracassée en mille morceaux dans les décombres lors de l'explosion finale.
Sur sa tombe, en guise d'épitaphe, on aurait pu écrire "Massacrée en temps de paix dans l'indifférence artistique générale alors qu'elle avait survécu à deux guerres mondiales".


Gare du Midi 1869-1949 - Bruxelles disparu - Hauts-reliefs du portique - Sculpteur Louis Samain - Que sont-ils devenus après la destruction de l'ancienne gare du Midi ? - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi 1869-1949 - Bruxelles disparu - Hauts-reliefs du portique - Sculpteur Louis Samain - Que sont-ils devenus après la destruction de l'ancienne gare du Midi ? - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi 1869-1949 - Bruxelles disparu - Hauts-reliefs du portique - Sculpteur Louis Samain - Que sont-ils devenus après la destruction de l'ancienne gare du Midi ? - Bruxelles-Bruxellons

Gare du Midi 1869-1949 - Bruxelles disparu - Hauts-reliefs du portique - Sculpteur Louis Samain - Que sont-ils devenus après la destruction de l'ancienne gare du Midi ? - Bruxelles-Bruxellons

Joseph Ducaju (1823-1891) peintre-sculpteur né à Anvers.
Élève de Joseph Geefs, il fait partie des artistes sollicités par le jeune Etat belge pour statufier les gloires du pays afin d'affirmer une identité nationale naissante. En 1880, à la demande de Léopold II, il réalise la colossale sculpture de "Thémis casquée" surplombant le fronton du Palais de Justice et pesant la bagatelle de 25 tonnes.

Louis Samain (1834-1901) sculpteur né à Nivelles. 
L'artiste semble poursuivi par le mauvais sort. On lui devait une superbe "Statue de la Liberté" en cuivre qui dominait l'hôtel des Colonies sur la place de Brouckère mais elle a malheureusement fondu dans l'incendie qui a ravagé sa toiture en 1901 (soit l'année de son décès). 38 ans plus tard, c'est une autre de ses sculptures qui disparaît corps et âme dans la démolition de la gare du Midi. Fort heureusement, l'une de  ses œuvres majeures en marbre de Carrare "Nègres marrons surpris par des chiens" (1894) est toujours visible avenue Louise. La scène dramatique s'inspire du célèbre roman de Harriet Beecher-Stowe: "La case de l'Oncle Tom" (1851) et représente un esclave noir enchaîné et son fils attaqués par des molosses.

REMERCIEMENTS...
Mes remerciements chaleureux vont à Minnie Castevet et son conjoint, nos "lecteurs-enquêteurs" qui m'ont permis de retrouver la piste de ces œuvres d'art disparues de Bruxelles ainsi qu'à Sergio Boffa (Conservateur du Musée communal d'archéologie, d'art et d'histoire de Nivelles) qui m'a communiqué les informations détaillées reprises ci-dessus, sans oublier Loran Erdag de Nivelles qui a très gentiment pris le temps de m'envoyer ses photos des sculptures et hauts-reliefs ayant trouvé refuge dans sa ville.

jeudi 7 avril 2016

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Couvées 2016


Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

Faucons pèlerins en pèlerinage à la cathédrale Saints Michel et Gudule
Couvée 2016
Une décennie de fidélité à Bruxelles
Après leur disparition complète du ciel belge dans les années 1970, pour la treizième année consécutive, un couple de faucons Pèlerins est revenu nicher au sommet de l’une des tours de la cathédrale. 
Comme en atteste ses bagues, la "maman" est née en 2002 à 215 km de chez nous, sur une cheminée d'industrie dans la vallée de la Ruhr en Allemagne. Depuis qu'elle a choisi la capitale pour y pondre ses œufs en 2006, pas moins de 36 "bébés Pèlerins" ont vu le jour et effectué leurs premiers vols dans le ciel bruxellois.
Son compagnon actuel est lui-même né à la cathédrale en 2008.
"Monsieur" (8 ans) est donc beaucoup plus jeune que "Madame" (14 ans) et, en plus, c'est un couple "incestueux" puisqu'il est le fils de sa compagne.
Cette consanguinité semble assez exceptionnelle chez les faucons Pèlerins mais elle ne pose apparemment aucun problème. Le couple fidèle est plutôt prolifique et a déjà élevé 19 bébés fauconneaux depuis 2011.
On comprend le choix des parents: décor datant du XIIIe siècle, tranquillité en plein ciel assurée, vue imprenable sur la Grand-Place et le centre historique de Bruxelles, la "chambre" est classée cinq étoiles.

On notera au passage que, si les églises catholiques ont une fâcheuse tendance à se vider de leurs fidèles, elles remportent par contre un vif succès en tant que..."maternités". En 2015, six d'entre elles ont accueilli une nichée de faucons Pèlerins à Bruxelles. 
(Voir "historique 2004-2016" en fin d'article)

Faucons Pèlerins à Bruxelles - "Nous, on aime bien Bruxelles, on y revient en couple chaque année... - Bruxelles-Bruxellons

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Couvée 2016 - Cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

Faucons pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

En 2010, les premiers oisillons ont symboliquement choisi le W.E. de Pâques pour briser l’œuf et sortir de leurs coquilles.
En 2013,  la venue au monde des 5 oisillons s'est étalée sur 4 jours après une période d'incubation exceptionnellement longue de 37 à 38 jours.
Début mars 2015, la femelle a pondu 4 œufs à 48 h d'intervalle. Contrairement aux années précédentes, après 32 jours d'incubation, les 4 fauconneaux ont percé la coquille de leurs œufs le même jour.
Cette année, comme en 2013, 5 œufs ont été pondus entre le 27 février et le 6 mars mais ils n'ont donné naissance qu'à trois fauconneaux.
(Lire les explications détaillées et les raisons probables pour lesquelles deux œufs n'ont pas éclos sur le blog du site...)

A l'initiative de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB), deux caméras électroniques miniatures retransmettent les images en haute définition sur écrans dans un poste d'observation installé rue du Bois Sauvage, sur le côté gauche de la cathédrale (lorsqu'on la regarde de face).
La première est installée à moins d'un mètre du nid.
Grâce à ce dispositif, les Bruxellois, petits et grands, peuvent observer l’évolution des fauconneaux, leurs séances de repas, tous les détails de la vie familiale... "comme s'ils étaient assis à côté d'eux".
La deuxième est installée à 70 mètres de distance en face de la tour où nichent les Pèlerins. 
En prenant du recul, elle offre une meilleure vision des allées et venues des parents pour nourrir leurs petits. Cerise sur le gâteau, les téléspectateurs en profitent pour découvrir des détails de l'édifice invisibles du sol, notamment les surprenantes "gargouilles" et sculptures ornementales  sur lesquelles les faucons viennent volontiers faire une pause.

Des ornithologues se relayent sur place pour donner des explications aux visiteurs et faire découvrir les magnifiques vols des parents faucons qui tournoient dans le ciel au dessus de la cathédrale (un puissant télescope est également mis à leur disposition). Lorsqu'ils piquent sur leurs proies à des vitesses pouvant atteindre  350 à 400 km/h, c'est vraiment très impressionnant.

N'oublions pas qu'avec une vitesse de plus de 100 km/h en vol horizontal, c'est l'oiseau le plus rapide au monde.

Depuis l'année dernière, un ingénieux système permet aux visiteurs de photographier eux-mêmes les faucons Pèlerins en connectant leurs smartphones et appareils numériques à l’oculaire du télescope qui peut grossir l'image jusqu'à cinquante fois. 
A ne pas manquer...le résultat est époustouflant.

Observations sur le parvis de la cathédrale Saints Michel & Gudule :
Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la Cathédrale Saints Michel & Gudule - Poste d'observation de l"Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB) - Bruxelles-Bruxellons

Faucons pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - "Ca manque un peu d'intimité. Il y a des paparazzis et des caméras partout !" - Bruxelles-Bruxellons
Ça manque  un peu d'intimité. Il y a des paparazzis et des caméras partout !!!
Faucons pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Bruxelles-Bruxellons

Vol au dessus d'un nid de Faucons Pèlerins à la cathédrale Saints Michel & Gudule - Naissance de fauconneaux à Bruxelles - Bruxelles-Bruxellons

Nouveauté 2016
Deux autres postes d'observation mis en place à Woluwe-Saint-Pierre et à Uccle

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la Maison communale de Woluwe-Saint-Pierre - Bruxelles-Bruxellons

Faucons Pèlerins à Bruxelles - Naissance de fauconneaux à la Maison communale de Woluwe-Saint-Pierre - Bruxelles-Bruxellons

Si la majorité des couples choisissent des clochers d'églises, d'autres optent résolument pour une maternité laïque et s'intéressent même à la politique...
Pour la troisième année consécutive, un jeune couple de Faucons Pèlerins a choisi de nicher dans la tour de la Maison communale de Woluwe-Saint-Pierre. 
En 2014, deux œufs ont été pondus et deux fauconneaux y ont pris leurs premières leçons de vol.
Fin avril 2015, on salue la naissance de trois petits fauconneaux (deux femelles et un mâle) en parfaite santé. L’échevine de l'environnement Caroline Lhoir les a pris sous son aile protectrice et s'est penchée sur le nid en se réjouissant de ce retour encourageant pour la biodiversité bruxelloise. Le "papa" est également né à Bruxelles en 2012, dans le clocher de l'église Saint-Antoine à Etterbeek. La "maman" n'est pas baguée; on ne connaît donc pas son origine mais on suppose que c'est la même compagne que l'année dernière.
Situé à quelques minutes de vol de la forêt de Soignes et juste en face du vaste parc de Woluwe, le site semble plaire au couple, car ils ont à nouveau réservé la "chambre" en 2016. Cette fois, "Madame" a pondu 5 œufs mais seulement 3 ont éclos.
Un poste d’observation temporaire est ouvert au public aux dates et heures suivantes : mercredi 27 avril, mercredi 11 mai, mercredi 18 mai, à chaque fois de 16:30 à 18:00. Rendez-vous sur le square situé juste en face de la maison communale, avenue Charles Thielemans.
Faucons Pèlerins en Région Bruxelles-Capitale- Eglise Saint-Job (Uccle) Nichée et naissance de 4 fauconneaux pour la première fois en 2015 - Bruxelles-Bruxellons

Un poste d’observation temporaire sera ouvert au public sur la place Saint Job, juste en face de l’église, les dimanches 8 mai, 15 mai, 22 mai et 25 mai, de 16:30 à 18:00. Ici aussi, il sera possible d’observer les faucons au télescope, de les photographier, de discuter ensemble du comportement de cet oiseau étonnant…

Naissances de fauconneaux en Région bruxelloise
Historique 2004 - 2016


Faucons Pèlerins en Région Bruxelles-Capitale- Tableau récapitulatif des naissances de fauconneaux de 2004 à  2015 - Bruxelles-Bruxellons

N.B. Nous avons soigneusement vérifié les informations disponibles mais, si vous relevez une petite erreur ou une omission dans le tableau récapitulatif ci-dessus, merci d'avance de nous le signaler.

L'histoire bruxelloise des faucons Pèlerins a commencé en 2004 avec une seule nichée et trois éclosions. Elle a connu un coup d'accélérateur en 2011 avec 5 nichées recensées et 12 éclosions.
La réputation de bonne nourriture diversifiée et d'espaces verts attractifs de la Région bruxelloise s'est apparemment vite transmise de bec-à-oreilles. 
En 2015, avec 24 faucons Pèlerins adultes, 9 nichées et 28 fauconneaux recensés, on peut vraiment parler d'une densité exceptionnelle pour une zone urbaine en Europe.
Pour donner naissance à leurs "bébés", ces couples ont majoritairement privilégié de hauts clochers ou tours d'églises qui leur offrent un point de vue dégagé sur l'environnement ainsi qu'une protection idéale pour leurs oisillons vis-à-vis des prédateurs.
  • Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule (Bruxelles-ville)  - 2004
  • Eglise Saint-Hubert (Watermael-Boitsfort) - 2008
  • Collégiale Saints-Pierre-et-Guidon (Anderlecht) - 2011
  • Eglise Notre Dame de Laeken - 2011
  • Eglise Saint-Antoine (Etterbeek) - 2012
  • Maison communale de Woluwe-Saint-Pierre  - 2014
  • Maison communale de Schaerbeek - 2014
  • Eglise Saint-Job (Uccle) - 2015
  • IT Tower (Bruxelles) - 2015   (Première nichée ?)
En 2015, trois autres couples se sont installés à la basilique de Koekelberg, dans la tour de la maison communale de Saint-Gilles et sur le bâtiment de la RTBF-VRT (Tour Reyers) mais c'était juste pour un séjour touristique en amoureux car aucune nidification n'a été constatée.

Faucons Pèlerins en Région Bruxelles-Capitale- Eglise Saint-Hubert (Watermael-Boitsfort) - Eglise Notre-Dame de Laeken (Crypte royale) - Eglise Saint-Antoine (Etterbeek) - Collégiale Saints Michel & Guidon (Anderlecht) - Bruxelles-Bruxellons

Dans la première vidéo, les fauconneaux s'entraînent pour participer à la chorale de l'église Notre-Dame de Laeken (A voir pour ceux qui se plaignent que les enfants sont trop bruyants...). Dans la deuxième, ils décomptent les minutes qui passent avant la livraison de leur repas à domicile, en jouant à cache-cache derrière les aiguilles de l'horloge de l'église Saint-Job à Uccle.


Pour les passionnés d'ornithologie : 

Le projet "Faucons pour tous" a été initié et développé dans le cadre d’un partenariat entre l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB) et la Commission Ornithologique de Watermael-Boitsfort (COWB), association naturaliste très active en région bruxelloise depuis plus d'un demi-siècle (1964) qui gère également le "Domaine des Silex" (Site Natura 2000).

IRSNB
Rue Vautier 29 - 1000 Bruxelles
TEL : +32 (0)2 627 42 15
Contact : didier.vangeluwe@naturalsciences.be
COWB
Domaine des Silex 
Chemin des Silex 10
1170 Watermael-Boitsfort
Contact : Mario Ninanne
TEL :  +32 (0)2 672 88 03  
GSM   +32 (0)478 550 424

vendredi 1 avril 2016

Les auteurs des attentats terroristes perpétrés à Bruxelles le 22 mars 2016 - Ibrahim El Bakraoui



Ibrahim El Bakraoui
Né à Laeken le 9 octobre 1986 - 29 ans
Nationalité belge

Ibrahim El Bakroui a été formellement identifié comme étant l'un des deux kamikazes de l'attentat terroriste perpétré à Brussels Airport le mardi 22 mars 2016. 

Enfance & Adolescence
Le père El Bakraoui naît en France où ses parents, kabyles natifs du Rif marocain, sont venus travailler dans les mines du Nord. Au milieu des années soixante, la famille déménage et  s’installe en Belgique. Il passe sa jeunesse dans le centre de Bruxelles, à côté du Petit Château, suit une formation de boucher, se marie et ouvre sa propre boucherie rue du Pavillon à Schaerbeek. Le commerce prospère et permet aux parents d'acheter une maison, rue Wautier à Laeken, où leurs trois enfants grandissent. Les fils El Bakraoui sont inscrits à l'école communale primaire du quartier en laissant le souvenir de n'avoir été "ni bons, ni mauvais élèves". Les choses se gâtent par la suite : en plein décrochage scolaire, ils traînent à la rue et "font les quatre cent coups avec leurs potes de Laeken". Des copains plus âgés entraînent les gamins dans leurs virées foireuses et les initient au vol d'autoradios qui sont revendus dans les cafés deux rues plus loin. Au début des années 2000, la fermeture forcée de la boucherie familiale n'arrange rien. D'ores et déjà plongés dans la petite délinquance, Ibrahim et Kahalid vont basculer petit à petit dans le grand banditisme…

Lire l'intéressante enquête de voisinage réalisée dans le quartier par la journaliste Elsa Vigoureux
2010

30 janvier 2010 - Un braquage raté qui tourne mal
Samedi matin vers 9H30, une patrouille de police surprend trois individus en train de commettre un hold-up dans une agence Western Union située sur le boulevard Adolphe Max. Prenant la fuite à bord d'une Golf, sans avoir pu emporter le moindre butin, ils sont aussitôt pris en chasse. Munis d'armes de guerre, les braqueurs tirent une première fois sur les policiers à hauteur de la place Rogier puis rouvrent le feu sur une deuxième patrouille de la brigade anti-agression postée chaussée d'Anvers pour bloquer les fuyards. Un des agents de police est touché à trois reprises à la jambe droite et est transporté en urgence à l'hôpital. Arrivés sur le pont de Laeken, les fugitifs entrent en collision avec un autre véhicule, s'enfuient à pied et se réfugient dans une habitation de la rue Wautier. Le quartier est entièrement bouclé par les services spéciaux de la police fédérale avec des snipers sur les toits et l'appui d'un hélicoptère. Une trentaine de personnes sont embarquées pour être interrogées et trois suspects correspondant aux signalements sont placés en garde à vue. La police retrouve plusieurs armes dans la cave de l'immeuble, dont deux kalachnikovs. Des analyses ADN, effectuées sur base des traces retrouvées dans la Golf et sur les armes utilisées, confirment l'identité des trois braqueurs dont Ibrahim El Bakraoui qui reconnaîtra avoir tiré sur les policiers. 

30 septembre 2010
Huit mois plus tard, Ibrahim El Bakraoui est condamné à 9 ans de prison ferme.

2010 - 2014
Les  années passées en prison.

2014

20 octobre 2014
Sur base d'un rapport de "suivi psychologique" positif et malgré l'avis défavorable du directeur de la prison qui l'héberge (?), le TAP (Tribunal d'application des peines) accorde la libération conditionnelle, à Ibrahim El Bakraoui. Il est cependant soumis à certaines contraintes : il a l'obligation de se présenter chaque mois à un rendez-vous avec son assistant de justice chargé du suivi de sa réinsertion et il aurait été autorisé à voyager à l'étranger pour autant que la durée de son séjour "hors frontières"soit inférieur à un mois (Information reprise par plusieurs médias sérieux dont le journal "Le Monde" mais restant à vérifier).
"Le dossier transmis aux Maisons de Justice à son sujet est celui d’un criminel de droit commun, dans lequel aucun lien n’est fait avec du terrorisme ou du radicalisme. Les conditions posées à sa liberté conditionnelle s’inscrivaient dans une guidance classique : faire la preuve d’une recherche d’emploi ou de formation en vue de sa réinsertion, ne plus se rendre dans certains lieux, ne plus avoir de contacts avec d’anciens complices…" (Source Rachid Madrane - Ministre des Maisons de Justice - Fédération Wallonie-Bruxelles)

Commentaire : 
Il faut savoir que, depuis la sixième réforme de l'État, les "Maisons de Justice" ne dépendent plus du niveau fédéral (Ministère de la Justice) mais bien de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour la communauté francophone. En Flandre, c'est encore différent, elles dépendent du gouvernement régional (La "Communauté flamande" et la "Région flamande" ayant fusionné depuis bien longtemps). Il y a donc un ministre fédéral de la Justice + 2 ministres en charge des "Maisons de Justice", l'un au niveau "communautaire", l'autre au niveau "régional" (Vive la Belgique !!!). Un morcellement des compétences qui complique sans doute encore davantage la transmission des informations relatives aux comportements des individus bénéficiant d'une libération anticipée.

Questions citoyennes :
  • Pourquoi n'a-t-on pas pris en compte les arguments avancés à l'époque par le directeur de la prison pour s'opposer à sa libération ? Quels étaient les éléments défavorables qui étayaient ce rapport ? Le risque potentiel de radicalisation en prison y était-il mentionné (ou pas) ?
  • Si cette information se vérifie, comment comprendre qu'on octroie la liberté de voyager à l'étranger durant plusieurs semaines à un condamné placé en liberté conditionnelle (tout particulièrement au cours de la première année) ? N'est-ce pas faire preuve d'une grande naïveté et lui offrir une belle opportunité de disparaître définitivement de la circulation ? Lui avait-on retiré son passeport (ou pas) ?

2015 
L'année de tous les "couacs" accumulés

De janvier à juin 2015
Au cours des 5 premiers mois, l'ex-détenu joue le jeu (ou donne le change) et respecte les conditions de sa libération conditionnelle.
"Il a l'intention d'ouvrir un magasin à Bruxelles et souhaite apprendre l’arabe pour faire des affaires avec l’étranger" (Source : Le Monde). 
"L’assistant de justice rencontre très régulièrement Ibrahim El Bakraoui, jusqu'au 19 mai 2015 mais il ne se rend plus aux deux convocations suivantes du mois de juin et ne justifie pas ses absences." (Source : Rachid Madrane - Ministre des Maisons de Justice - Fédération Wallonie-Bruxelles)

11 juin 2015 - Turquie
La police turque procède à l'arrestation du citoyen belge Ibrahim El Bakraoui à Gaziantep, ville bien connue pour être une zone de transit privilégiée par les candidats djihadistes qui vont passer en Syrie ou en reviennent.

26 juin 2015 - Turquie
L'officier de liaison de la police fédérale belge à Istanbul est informé de cette arrestation par les autorités turques.

29 juin 2015 - Turquie - Belgique
Trois jours plus tard, l'officier de liaison transmet l'information à la DJSOC (Direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée de la police, dont relève la cellule "terrorisme") en requérant des informations complémentaires sur l'individu. Celle-ci l'informe du passé criminel de l'intéressé, connu pour des faits de banditisme, et souhaite connaître les motifs de son interpellation (?!). 
Même s'il avait été arrêté pour un simple vol de tapis tissés à la main (C'est la spécialité locale...), le simple fait de le retrouver subitement à la frontière turco-syrienne aurait dû suffire pour tirer la sonnette d'alarme et motiver une demande d'extradition vers la Belgique. Malheureusement, personne n'a tiré parti de cette improbable "coup de chance" qui aurait pu permettre de mettre la main au collet d'un individu qui était de toute évidence "en cavale" avec la volonté de rejoindre le groupe terroriste DAESH (Gaziantep n'est pas vraiment un lieu de villégiature touristique, a fortiori pour un ex-taulard en liberté conditionnelle).
On notera au passage qu'il n'y a qu'un seul officier de liaison de la police fédérale détaché auprès de l'ambassade belge en Turquie (avec une secrétaire à sa disposition). On sait pourtant depuis plusieurs années que les jeunes belges musulmans radicalisés passent quasiment tous par là pour rejoindre la Syrie et que c'est un problème crucial à gérer.

Questions citoyennes :
  • A ce stade, la responsabilité de la DJSOC dans l'absence de réaction adéquate n'est-elle pas nettement plus engagée que celle de l'officier de liaison mis en cause par le ministre de l'Intérieur ? L'officier de liaison a-t-il été correctement informé que le citoyen belge arrêté en Turquie était en liberté conditionnelle ? Un service de police fédéral pouvait-il ignorer cette situation, effective depuis la fin du mois d'octobre 2014 ?
  • Le passé criminel de l'individu et le fait qu'il était en liberté conditionnelle n'imposait-il pas de relayer au plus vite l'information de son arrestation en Turquie vers un juge d'instruction pour obtenir un mandat d'arrêt international dans les plus brefs délais ?

2 juillet 2015 - Bruxelles
"Conformément à la procédure, le 2 juillet 2015, l’assistant de justice informe le Tribunal d’Application des Peines des deux absences successives du justiciable et du fait qu’il ne fournit pas de preuves de sa réinsertion (?!). L’assistant de justice indique au TAP qu’il attend dès lors des instructions de sa part. Ensuite, et bien que la guidance soit interrompue de facto, l’assistant de justice continue, comme pour tout dossier, à tenter à plusieurs reprises d’entrer en contact avec le justiciable." (Source : Rachid Madrane - Ministre des Maisons de Justice - Fédération Wallonie-Bruxelles) 
Faute d'un relai efficace de l'information entre la DJSOC et le département de la Justice, le TAP n'a pas du tout été mis au courant que le "libéré sous conditions", placé sous sa responsabilité juridique, a été arrêté en Turquie trois semaines plus tôt.

14 juillet 2015 - Turquie - Belgique - Pays-Bas
Par une simple note déposée sur leur portails respectifs une demi-heure avant l'expulsion (?!), la police turque informe les ambassades belge et néerlandaise à Ankara qu'Ibrahim El Bakraoui va être mis dans un avion à destination d'Amsterdam.
L'information ne serait remontée vers Bruxelles que six jours plus tard.
Les autorités turques lui ont apparemment "laisser le choix" entre un vol vers la Belgique et un vol vers les Pays-Bas d'où il était parti. Le lendemain, l'officier de liaison en Turquie apprend au cours d'une réunion que l'homme a été arrêté pour des faits en lien avec le terrorisme mais qu'il doit poser une question écrite pour en savoir plus. Il le fait par courriel cinq jours plus tard sans recevoir de réponse immédiate. 
Huit mois plus tard (29 mars 2016), le ministre de la Justice  des Pays-Bas déclare :  "Les Turcs ont bien prévenu les Pays-Bas de l'expulsion, mais l'information est passée inaperçue. De plus, Ibrahim El Bakraoui n'était pas enregistré dans les systèmes de recherche internationaux. Depuis l'aéroport de Schiphol, il a dès lors pu continuer son chemin. J'ignore quand il a quitté le territoire néerlandais, combien de temps il y est resté et quand il est arrivé en Belgique".

Coïncidence troublante...
C'est justement au cours de l'été 1015 que le ministère néerlandais de la Sécurité et de la Justice supprime le poste d'officier de liaison au sein de son ambassade en Belgique. Ce dernier est en charge de coordonner la communication des informations policières et judiciaires entre nos deux pays mais, selon le ministère néerlandais, "la décision de supprimer cette fonction est intervenue étant donné que les contacts entre la Belgique et les Pays-Bas s'effectuaient sans accroc" (?!). Il n'y a donc visiblement pas qu'en Belgique qu'on fait des économies de bout de chandelle en matière de sécurité.

29 juillet 2015 - Bruxelles
L’assistant de justice est informé de la fixation de l’audience du TAP au 18 août. 

6 août 2015 - Bruxelles
L'assistant de justice informe une nouvelle fois le TAP que le justiciable ne s’est toujours pas signalé et reste injoignable. Et pour cause…sa présence et son arrestation à la frontière turco-syrienne ont été signalées aux services de la police fédérale (DJSOC) dès le 29 juin.

21 août 2015 - Bruxelles
Alors qu'Ibrahim El Bakroui a "officiellement" disparu de la circulation depuis sept semaines (manquements à ses obligations et absence de tout contact signalés par son assistant de justice dès le 2 juillet), le Tribunal d'Application des Peines prononce (enfin…) la révocation de sa liberté conditionnelle.  Il est donc censé retourner immédiatement en prison pour purger le restant de sa peine d'emprisonnement. 
Sauf que… 8 semaines après la confirmation de son arrestation à la frontière turco-syrienne et 6 semaines après son expulsion de Turquie vers les Pays-Bas, le département de la Justice reste manifestement toujours dans l'ignorance complète des faits. Aucun mandat d'arrêt international n'est lancé pour rattraper le fugitif, alors que, sans être devin, il y'avait quand même une forte probabilité qu'il ait quitté la Belgique depuis le mois de juin.

Questions citoyennes :
  • Doit-on s'accommoder du fait qu'un délai de près de deux mois s'écoule entre le signalement officiel de la disparition d'un ex-détenu et la révocation de sa liberté conditionnelle ? Ce délai s'inscrit-il dans les normes habituelles en vigueur ou est-il imputable aux longues vacances judiciaires ? 
  • Un individu en liberté conditionnelle qui disparaît brusquement dans la nature ne devrait-il pas être immédiatement considéré comme étant de facto "en cavale" et susceptible de commettre d'autres délits ? 
  • Si on ne veut pas lui donner toutes les chances de quitter le territoire belge en toute tranquillité et d'échapper à la justice, la procédure ne devrait-elle pas être simplifiée, raccourcie et associée d'office à l'émission d'un mandat d'arrêt ?

25 septembre 2015 - États-Unis  
L'agence américaine de renseignement inscrit Ibrahim El Bakraoui sur sa liste de personnes radicalisées à surveiller (terroristes potentiels).
Six mois plus tard, jour pour jour (25/03/2016), le ministre de la Justice Koen Geens confirme pourtant devant la commission parlementaire que les frères El Bakraoui n'étaient  "jusqu'à présent" toujours pas repris sur la liste de l'OCAM.

Question citoyenne : 
  • Faut-il en déduire que les services de renseignements américains sont plus efficaces que nos propres services de sécurité pour identifier les citoyens belges potentiellement dangereux ? Cela confirme en tout cas qu'il y a beaucoup trop de listes différentes de "personnes à surveiller" en circulation et que leur interconnexion est loin d'être performante.

2016 - Épilogue 

15 mars 2016 - Belgique - France
Dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Paris (des policiers français participent à l'intervention), une perquisition est effectuée  dans un appartement présumé "vide" à Forest. En réalité, il est occupé par trois individus. L'un d'entre eux tire sur les forces de l'ordre pour couvrir la fuite de ses comparses  et blesse légèrement quatre policiers avant d'être abattu. Le terroriste tué dans l'opération s'avère être Mohamed Belkaïd, un algérien de 35 ans rentré illégalement en Belgique au mois de septembre 2015 en compagnie de Nijam Laachraoui (le deuxième kamikaze de l'attentat à Brussels Airport qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis le mois de mars 2014). Les deux fugitifs ne sont pas identifiés mais on parle à ce moment-là des frères El Bakraoui ou de Salah Abdeslam et d'un inconnu

16 mars 2016 - États-Unis - Pays-Bas
Le FBI transmet des informations sur les antécédents criminels, radicaux et extrémistes d'Ibrahim et Khalid El Bakraoui à la police néerlandaise.

17 mars 2016 - Pays-Bas - Belgique
Un contact direct aurait  été établi entre les services de police des Pays-Bas et de la Belgique dès le lendemain (Source : Ard van der Steur, ministre néerlandais de la Justice, en réponse à 166 question devant la Chambre des représentants à La Haye - Mardi 29 mars 2016).
De son côté, la police judiciaire fédérale belge affirme n'avoir reçu aucune information concernant les frères El Bakraoui des services de renseignement américains le 16 mars. Par contre, elle confirme qu'il y a bien eu une visite de travail d'un membre de la police néerlandaise le 17 mars mais, lors de cette réunion, aucune communication n'aurait été faite sur l'information livrée à la police des Pays-Bas par le FBI (Source Claude Fontaine, directeur général de la PJF - Mardi 29 mars).

22 mars 2016 - Brussels Airport
Huit jours après la perquisition à Forest, Ibrahim El Bakraouid participe à l'attentat suicide du mardi 22 mars à Bruxelles Airport en déclenchant l'une des deux charges explosives utilisées.