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BRUXELLES D'ANTAN, D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN
De coups de cœur en coups de gueule...l'histoire, le patrimoine, les anecdotes insolites, les petits secrets, les découvertes, les curiosités, les grands projets et les actualités qui rendent notre ville vivante, passionnante et attachante mais aussi parfois complètement surréaliste.

jeudi 24 septembre 2015

Mont des Arts - Quartier Saint-Roch - Bruxelles disparu


Monts des Arts - Bruxelles disparu - Né en 1910 -  Disparu en 1955 - Bruxelles-Bruxellons

Monts des Arts - Bruxelles disparu - Né en 1910 -  Disparu en 1955 - Bruxelles-Bruxellons

La saga du premier "Mont des Arts"

En trois quarts de siècle, l'aménagement de ce vaste espace de liaison entre le haut et le bas de la ville a suscité un nombre incroyable de polémiques et de projets avortés (on parle de plus d'une centaine au total).  

La disparition du vieux quartier Saint-Roch

Jouxtant la très pentue rue "Montagne de la Cour" et centré autour de la rue des "Trois Têtes", le vétuste et populeux quartier "Saint-Roch" occupe la colline entre la place Royale et le centre ville jusque la fin du XIXe siècle. 
Lorsque sa destruction se concrétise (1897-1898), ce n'est pas une décision prise à la hâte...on en parle déjà depuis plus de 25 ans. 

« Il faut ôter cette hideuse verrue à la face de Bruxelles, égout d’où s’échappe chaque matin et où revient croupir chaque soir ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage, toujours débordé dans les rues de la capitale »

C’est en ces termes que parlaient les urbanistes du XIXe siècle de l’ancien quartier Saint-Roch (le saint homme, toujours flanqué de son chien, était jadis invoqué pour conjurer les maladies contagieuses).
Source : film-documentaire "Les Marches du Palais"
Samy SZLINGERBAUM - 1982


Mont des Arts - Bruxelles disparu - Rue Montagne de la Cour - Rue des Trois Têtes - Bruxelles-Bruxellons
A gauche : venant de la place Royale, la rue Montagne de la Cour se rétrécit et plonge vers le centre-ville

Mont des Arts - Bruxelles disparu - Quartier Saint-Roch - Bruxelles-Bruxellons
Quartier Saint-Roch disparu : Rue des Trois Têtes - Impasse Saint-Roch - Rue de la Croix Blanche - Rue Notre Dame  - Rue Ravenstein

1875
Entre autres projets relégués aux oubliettes de l'histoire, l'architecte Henri Beyaert imagine de tracer deux nouvelles rues en "V" de part et d'autre de la rue Montagne de la Cour. Cette idée est vite abandonnée notamment parce qu'elle entraîne la démolition d'une partie du palais de Charles-Alexandre de Lorraine (ancien palais "Orange-Nassau").
Ironie du sort, huit décennies plus tard, on finira quand même par en détruire les trois-quarts (la partie la plus ancienne dont l'origine remonte au XIVe et au XVIe siècle) pour construire la nouvelle Bibliothèque royale (1955). Sur les extraits des plans de Bruxelles de 1897 et 1930 repris ci-après, on se rend parfaitement compte de l'ampleur du bâtiment historique aujourd'hui disparu.

1881
Six ans plus tard, l'architecte Henri Maquet conçoit une large rue courbe qui épouse le flanc de la colline par une pente plus douce. Cette idée reçoit un accueil nettement plus favorable mais elle est néanmoins bloquée par la Ville de Bruxelles. On rêve déjà à la fameuse jonction Nord-Midi tout en tergiversant sur l'emplacement de la future gare centrale et le tracé de la nouvelle voirie risque éventuellement de se retrouver dans son chemin (de fer). Pour la petite histoire : elle ne sera finalement inaugurée qu'en...1952

1882
L'architecte Alphonse Balat (*) vient de terminer la construction du premier Musée Royal des Beaux Arts rue de la Régence (1875-1880). A la demande expresse du Roi, il commence à plancher sur le concept d'un vaste et prestigieux complexe culturel dédié aux Arts, à la Science et aux Lettres. Il devrait s'ériger en contrebas de la place Royale, à l'emplacement occupé par le quartier Saint-Roch, la rue Montagne de la Cour et le palais de Charles de Lorraine.

(*) On lui doit notamment la serre "Balat" au jardin botanique de Meise (1854), la façade arrière et les espaces de réception du Palais royal de Bruxelles (1866-1874), les magnifiques serres du domaine royal de Laeken (1874-1890), le palais du marquis d'Assche (1856-1858) rue de la Science actuellement occupé par le Conseil d'Etat, la façade du château de Ciergnon ainsi que plusieurs autres châteaux en Wallonie. Il fut aussi le mentor de l'architecte Victor Horta. Source Wikipedia

1894 
Charles Buls, bourgmestre de la Ville de Bruxelles, a l'outrecuidance de s'opposer à la volonté du Roi et de soutenir une proposition alternative plus modeste face aux ambitieux desseins urbanistiques de Léopold II. Il souhaite préserver autant que possible les quartiers anciens en les rénovant. Désavoué par son conseil communal qui vote en faveur du projet soutenu par le Roi, le bourgmestre dépité finira par devoir abandonner la partie.

"Le bourgmestre de Bruxelles veut, soi-disant, assainir le quartier derrière la rue Montagne de la Cour. Cela empêcherait à tout jamais l'adoption d'un projet rationnel pour l'amélioration de cette dernière. Je n'ai pas caché, certes, à M. Buls combien j'étais formellement opposé à son idée, ni que j'userai de tous les moyens pour la faire échouer"
 Léopold II


Mont des Arts - Quartier Saint-Roch voué à disparaître - Première implantation de la rue courbe du Coudenberg  - Extrait du plan de Bruxelles réalisé par Louis van Peteghem en 1897 - Bruxelles-Bruxellons
Les ruelles perpendiculaires à  la rue Montagne de la Cour sont vouées à disparaître pour 
laisser place à la future "rue courbe" qui traverse le vieux quartier Saint-Roch de part en part. 
Le palais de Charles de Lorraine abrite la Bibliothèque Royale et le Musée des Arts modernes
Le premier Palais de Beaux-Arts construit rue la Régence (1880) abrite le Musée des Arts anciens
Extrait du plan de Bruxelles réalisé par Louis van Peteghem en 1897 (c) Bibliothèque nationale de France

1897-1898
Le vétuste quartier Saint-Roch est définitivement rayé de la carte à grand renfort de pelles mécaniques.

1899
Ulcéré de voir disparaître ce quartier historique de Bruxelles pour la survie duquel il s'est  longtemps battu et révolté par les pressions exercées par l'entourage du Roi sur des membres du conseil communal afin de les faire basculer dans leur camp, le bourgmestre Charles Buls démissionne à grand fracas le 16 décembre 1899.

1902 - 1907
Suite au décès d'Alphonse Balat en 1895, le projet est repris en main par l'architecte Henri Maquet. (*) et il apparaît pour la première fois sous la dénomination "Mont des Arts". Six années de travail sont consacrées à le remanier et à le peaufiner dans les moindres détails. .  
Nul ne le sait encore mais il ne se concrétisera finalement qu'un demi-siècle plus tard...sous une toute autre forme.

(*) On lui doit l'hôtel de Prelle de la Nieppe avenue Louise (1891), la façade actuelle du Palais Royal (1903), une nouvelle serre à Laeken et l'Ecole Royale Militaire de l'avenue de la Renaissance conçue en collaboration avec l'architecte Henri Van Dievoet (inaugurée en 1909). Source Wikipedia



1908
La maquette définitive est exposée à Bruxelles mais, contre toute attente, le projet est finalement rejeté par la Chambre et le Sénat.
Ce "mastodonte" ravive sans doute les très mauvais souvenirs laissés par la démesure du Palais de Justice tout proche dont la construction s'est éternisée sur 17 ans (1866-1883) avec de colossaux dépassements budgétaires à la clef (des 4 millions initialement prévus à plus de 50 millions de francs au final...soit, à l'époque, l'équivalent d'une année entière de travaux publics pour tout le royaume). Outre le coût présumé exorbitant de sa réalisation, le projet se heurte à un autre problème : à l'aube du XXe siècle, l'Art Nouveau commence à s'imposer avec une conception toute différente de l'esthétique architecturale. Pour une partie de l'opinion publique et des élus politiques, cette monumentale construction néoclassique appartient au siècle passé et n'est plus du tout dans l'air du temps.  S'étendant de la rue du Coudenberg à la rue de Ruysbroeck, l'implantation de ce gigantesque édifice suppose aussi la destruction complète du Palais de Charles de Lorraine : un vandalisme historique qui continuera à faire polémique bien des années plus tard.

On se retrouve presque à la veille de l'Exposition Universelle de 1910.
Pour Léopold II, passablement exaspéré par ce camouflet du monde politique, il est impensable de conserver un "grand terrain vague" au cœur  de cette ville en pleine transformation qui s'apprête à recevoir près de 13 millions de visiteurs.

La solution provisoire

1909
Faute d'avoir pu faire passer son grand projet en temps utile, le Roi imagine alors une "solution provisoire" financée de ses propres deniers.
L'architecte paysagiste français Jules Vacherot se voit confier l'aménagement d'un jardin-promenade en gradins, avec terrasses, escaliers et cascades d'eau qui tisse un lien naturel et bucolique  entre la Place Royale et la Grand Place.
Il a également imposé qu'on reprenne une petite partie du projet rejeté de l'architecte Henri Maquet : la fameuse "rue courbe" (dont le plan avait déjà été proposé en 1881) qui adoucit la grimpette de l'important dénivelé de 10°, tant pour les piétons et les cyclistes que pour les véhicules tirés par des chevaux et l'automobile naissante.
Ce fut sa dernière bataille pour embellir Bruxelles à sa manière. 
Léopold II décède le 17 décembre 1909 à l'âge de 74 ans et il n'inaugurera ni "son" jardin du Mont des Arts, ni cette exposition universelle qui lui tenait tant à cœur.
La conception du Palais des Arts, des Sciences et des Lettres fut aussi l'ultime travail de l'architecte Henri Maquet. Sa profonde déception de le voir "jeté à la poubelle" n'est peut-être pas étrangère à son décès survenu le 27 novembre à l'âge de 70 ans. Signe du destin...juste 20 jours avant celui du Roi avec lequel il a collaboré tout au long de sa vie professionnelle...

Monts des Arts - Bruxelles disparu - Vue du bas du Mont des Arts vers la place Royale - Côté Nord - Bruxelles-Bruxellons
Vue du bas du Mont des Arts vers la place Royale - Côté Nord

Mont des Arts - Bruxelles disparu - Vue du bas du Mont des Arts vers la place Royale - Côté Sud - Bruxelles-Bruxellons
Vue du bas du Mont des Arts vers la place Royale - Côté Sud

Mont des Arts - Bruxelles disparu - La rue en courbe tracée pour faciliter la "grimpette" du dénivelé de 10° entre le haut et le bas de la ville - Bruxelles-Bruxellons
Rue Coudenberg : la  "rue courbe" tracée pour adoucir le dénivelé de 10° entre le haut et le bas de la ville 

Mont des Arts - Rue Coudenberg - Rue Montagne de la Cour - Extrait du plan de Bruxelles édité par Smith & Son en 1930 - Bruxelles-Bruxellons
Mont des Arts - Rue Coudenberg - Rue Montagne de la Cour - Place Royale
Musées des Arts anciens et modernes - Bibliothèque royale - Nouveau Palais des Beaux-Arts (1928-1929)
Le palais de Charles-Alexandre de Lorraine est encore préservé dans son intégralité
Extrait du plan de Bruxelles édité par Smith & Son en 1930 (c) Bibliothèque nationale de France

Même si la presse de l'époque se gausse de son côté "kitsch" en le qualifiant de "jardin d'opérette" ou de "décor à la tyrolienne", la réalisation n'en est pas moins exemplaire ! 

Les urbanistes contemporains inspirés rêveraient sans doute de pouvoir recréer aujourd'hui une liaison aussi plaisante et conviviale entre le haut et le bas de la ville, offrant de telles perspectives dégagées dans les deux sens. Largement en avance sur son temps, cette réalisation du début du XIXe siècle s'inscrirait ainsi parfaitement dans le concept actuel du "maillage vert" de la ville et dans la volonté de redonner la priorité à la circulation piétonne et cycliste dans le centre historique de Bruxelles.

Prédestinée initialement à vivre le temps éphémère d'une exposition, la "solution provisoire" de 1910 perdure finalement jusqu'en...1954, pour le plus grand bonheur des Bruxellois de l'époque qui l'on totalement adoptée.

Monts des Arts - Bruxelles disparu - Esplanade supérieur du Mont des Arts - Vue vers le centre ville - Bruxelles-Bruxellons
Vue depuis le belvédère supérieur du Mont des Arts vers le centre ville dans les années 30

Monts des Arts - Bruxelles disparu - Esplanade supérieur du Mont des Arts - Vue vers l'esplanade supérieure (vers la place Royale) à partir du haut des cascades - Bruxelles-Bruxellons
Vue vers les belvédères supérieurs du Mont des Arts à partir du haut des cascades
Mais où se cache donc cette belle sculpture aujourd'hui ? (Sans réponse...)

Monts des Arts - Bruxelles disparu - Vue de l'esplanade supérieure du Mont des Arts vers le centre ville dans les années 1950 - Bruxelles-Bruxellons
Vue depuis le belvédère supérieur du Mont des Arts vers le centre ville au début des années 50

L'existence de cette première version du Mont des Arts est cependant menacée dès 1935. 
Les problèmes de la fin du XIXe siècle ne sont toujours pas résolus, les riches collections de la Bibliothèque royale sont de plus en plus à l'étroit dans les bâtiments peu adaptés de l'ancien palais de Charles de Lorraine. 
La tentation des "grands projets immobiliers ambitieux" se réveille à nouveau au détriment de la préservation du patrimoine, de l'art de vivre et d'une réelle vision d'avenir.


Mont des Arts - Bruxelles disparu - Le début de la fin - Inauguration de la statue équestre du Roi Albert 1er au pied du premier Mont des Arts qui va bientôt disparaître du paysage bruxellois - Bruxelles-Bruxellons

1951
L'inauguration de la statue équestre du Roi Albert 1er au pied du Mont des Arts annonce le "début de la fin". En descendant les derniers escaliers, on tombe désormais sur un long mur qui barre le chemin et qu'il faut contourner.

1954 - 1955
Non sans créer de nouvelles polémiques, les terrasses successives et l'agréable promenade le long des cascades disparaissent définitivement du paysage bruxellois pour laisser place à l'esplanade "plate" du jardin suspendu (au dessus du parking) entourée des austères bâtiments de la Bibliothèque Royale et du Palais des Congrès (Actuel Square -Brussels Meeting Center) que l'on connaît aujourd'hui.
Mais ça...c'est une autre page de l'histoire du Mont des Arts.
L'histoire se répète puisque ce bouleversement urbanistique majeur se produit également à l'avant-veille d'une nouvelle exposition universelle.
Bien malgré elle, par le vent de modernisme et l'enthousiasme novateur qu'elle insuffle,  l'Expo 58  est à l'origine de cette fameuse "Bruxellisation" qui entraînera de nombreux saccages irrémédiables dans le patrimoine historique de la capitale.
Il suffit de regarder les illustrations de cette chronique pour comprendre que Bruxelles n'a pas perdu que deux "phoques" (*) et l'une ou l'autre sculpture dans l'aventure.


Jipé
(*) Voir " Pour l'anecdote" en fin d'article...

Extrait du livre  "Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles"

"L'emplacement du Mont des Arts était occupé jadis par le «quartier Saint-Roch» tristement célèbre par ses estaminets mal famés et ses cours intérieures à arcades gothiques (et à filles légères). En 1883, il fut décidé de supprimer cette «lèpre antihygiénique» et les démolisseurs envahirent le quartier en 1897. Le roi Léopold II, irrité à la pensée que les visiteurs de la grande exposition de 1910 verraient un tel chancre au cœur de Bruxelles, donna des ordres secs pour qu'on aménageât sur cet horrible fouillis «un jardin provisoire» avec des «belvédères étagés», des arbustes, des fleurs, des «pièces d'eau en cascades» et des statues. Ô dérision des entreprises humaines! Ce jardin, réalisé sans formalités administratives et destiné à durer les quelques mois de l'exposition, s'imposa à l'affection des Bruxellois par son harmonie parfaite et son charme. Il était une bénédiction pour les promeneurs, pour les enfants, pour les amoureux, pour les artistes. En 1955, on rasa ce joli Mont des Arts et à grands renforts de pelles mécaniques, on nivela la colline du Coudenberg. Le pittoresque et délicieux Mont des Arts qu'ont connu les Bruxellois d'âge mûr n'est plus aujourd'hui qu'un banal jardin plat et carré, entouré des vastes bâtiments de la nouvelle Bibliothèque royale, du palais des Congrès et, du côté nord, d'une rangée d'immeubles administratifs surmontant de beaux magasins avec trottoirs sous arcades. Cette suite de magasins est malheureusement séparée du square de verdure par un large autodrome où les voitures foncent à sens unique, vers le haut de la ville..."

Jean d'Osta - 1986
Editions Paul Legrain


Mont des Arts - Bruxelles disparu - Vue du bas du Mont des Arts vers les cascades - Bassin des phoques - Bruxelles-Bruxellons

Mont des Arts - Bruxelles disparu - Les "phoques" bruxellois réfugiés à Nivelles après la destruction de leur environnement d'origine - Bruxelles-Bruxellons
Tous nos remerciements à Loran Edarg de Nivelles qui a eu la gentillesse de nous envoyer ces photos 

Pour l'anecdote...

Deux lecteurs attentifs nous ont signalé que les phoques bruxellois (ou plutôt les otaries...) de l'ancien Mont des Arts ont trouvé refuge à Nivelles (*) après la destruction de leur environnement d'origine. Mais, installés sur les débris d'une rocaille disloquée au bord d'un petit bassin symbolique, on ne peut pas dire qu'ils aient l'air vraiment heureux de veiller sur le "Monument aux Morts" à longueur de journée. Ils gardent sans doute un souvenir nostalgique de leurs belles cascades et des enfants souriants qui venaient les admirer un cornet de glace à la main...Quelques larmes de mélancolie ont même visiblement coulé de leurs yeux de bronze.
L'appel est lancé à Pairi Daiza ! 
C'est sûr qu'ils retrouveraient meilleur moral si on pouvait les accueillir là-bas pour participer aux ébats aquatiques de leurs congénères en les arrosant joyeusement d'eau fraîche.

(*) Ces bronzes animaliers sont attribués au sculpteur bruxellois Godefroid Devreese (1861-1941) qui a notamment collaboré avec l'architecte Victor Horta. Résidant à Schaerbeek de 1884 à 1939, il y installe aussi son atelier et la commune possède de nombreuses œuvres de l'artiste (dont le "Monument des Bienfaiteurs" et le "Vase des Bacchanales").

(*) Nivelles - Esplanade du Souvenir - Rue de Charleroi


Mont des Arts - Bruxelles disparu - Avis de recherche pour ces deux sculptures du premier Mont des Arts qui semblent s'être volatilisées - Bruxelles-Bruxellons

Deux autres sculptures du Mont des Arts semblent s'être mystérieusement volatilisées. 
Pour la première (à gauche), j'ai pu dénicher une explication logique : "L'ange de la paix" était condamné à un bref passage sur terre...
Oeuvre du sculpteur bruxellois Léandre Grandmoulin (1873-1957), elle faisait partie d'un ensemble de huit monuments éphémères réalisés à la hâte et moulés dans le stuc (une sorte de "plâtre renforcé") pour exprimer le patriotisme belge et la reconnaissance du pays envers les Alliés au lendemain de la libérationLa "reconnaissance éternelle" n'a pas fait long feu car une seule de ces sculptures a été préservée en étant coulée dans le bronze à l'occasion du centenaire de la Belgique en 1930 (*) . Les sept autres ont donc bel et bien disparu corps et âme. La Ville de Bruxelles y avait pourtant consacré un budget de 500.000 francs belges à l'époque (**). La commémoration du  centenaire de la guerre 14-18 aurait été une belle occasion (manquée) d'en ressusciter au moins quelques unes. A-t-on perdu les moules ? Mystère et boule de gomme...

(*)"La Brabançonne" de Charles Samuel qui se trouve actuellement place Surlet de Choquier (en face de la place Madou)

Par contre, je n'ai pas réussi à identifier celle de droite qui se trouvait en haut des cascades (Elle provient probablement de l'Exposition Universelle de 1910).
L'avis de recherche est lancé ! Qui en était l'auteur ? Qu'est-elle devenue ?
Merci d'avance à la lectrice ou au lecteur qui pourra éclairer notre lanterne. 

(**) Source : "Les monuments éphémères du 22 novembre 1918" 

jeudi 3 septembre 2015

Place Rogier - Dix ans de galère - Dix ans de calvaire


Place Rogier - Perspectives d'avenir - Projet initial de l'auvent surplombant l'Atrium  (Lauréat du concours européen d'architectes 2006) - Bruxelles-Bruxellons

DIX ANS DE GALÈRE
DIX ANS DE CALVAIRE 

Réaménagement de la place Rogier en quelques dates et reports successifs...
Florilège d'informations et de déclarations pavées de bonnes intentions...

Pour tenter de comprendre le "pourquoi du comment" de cet interminable et chaotique projet-chantier, la meilleure tactique est de passer en revue quelques morceaux choisis de ce qui s'est dit et écrit à son propos au fil de cette décennie. 
On y trouve de l'ambition, des contradictions, des restrictions, des complications, des retours en arrière, des explications logiques, illogiques ou emberlificotées...mais aussi de quoi sourire, s'énerver un tantinet ou "tomber assis à côté de sa chaise".

Depuis plus d'un siècle et demi, le rôle et l'influence de la place Rogier s'étendent bien au delà du territoire communal de Saint-Josse-ten-Noode sur lequel elle est géographiquement située.
Les décisions la concernant ont pourtant toujours été prises au niveau du pouvoir politique local. 
Au début du deuxième millénaire, lorsque que le principe de la démolition de l'ancien Centre international Rogier est acté et le permis de bâtir pour la nouvelle tour délivré, la commune prend l'initiative de commander aussitôt une étude d'urbanisme pour l'avenir du "Quartier Nord" qui inclut le réaménagement de la place et de son sous-sol (un vrai "fromage de gruyère" géré en copropriété). Louable intention ! D'autant plus que le bourgmestre affiche l'ambition de terminer ces travaux pour l'inauguration du nouveau bâtiment prévue en 2006. Déjà sérieusement malmenés par les chantiers successifs, les hôtels riverains s'en réjouissent d'avance.
Après une longue concertation chahutée et contestée, en 2005, le projet se retrouve quand même sur la table de l'administration régionale pour l'obtention du permis d'urbanisme. 
Sauf que...
Ce projet ne se préoccupe que fort peu de la mobilité dans son ensemble, des voiries régionales adjacentes (dont le boulevard du Jardin Botanique) et des transports en commun (Circulation des bus - Station de métro). Il est en outre jugé trop classique et d'aucuns le qualifient de "simple tapis déroulé au pied de la Tour Rogier". On lui reproche également de ne pas répondre aux normes modernes d'aménagement d'une place qui doit se concevoir de façade à façade en intégrant tout l'espace.

Place Rogier - Premier projet de réaménagement commandé par la commune de Saint-Josse-ten-Noode dans le cadre d'une étude globale sur le Quartier Nord - Bruxelles-Bruxellons

2005
La guéguerre Commune-Région

Conscient des enjeux, Pascal Smet (Ministre des Travaux publics et de la Mobilité), met les pieds dans le plat et s'active pour que la Région reprenne la main. 
Pour obtenir gain de cause, il applique les techniques de la haute finance et réalise une sorte d'OPA sur le projet. En s'octroyant la majorité des "actions", la Région bruxelloise pourrait prendre le contrôle du conseil d'administration.

"Pour moi, il n'est pas question que de la «petite» place Rogier: on parle de tout l'espace qui comprend aussi le pied des tours, va jusqu'à la rue Neuve, remonte le boulevard du Botanique... Ce qui, en finale, donne 55% des terrains appartenant à la Région et 45% à la commune"
Source : Pascal Smet - La Libre - 12/10/2005

Furieux qu'on touche à ses prérogatives et qu'on mette à mal cinq années de travail préparatoire, le bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode rentre en résistance et l'accuse de tenter un "HOLD UP" de l'espace communal en cherchant à tout prix  à imposer son point de vue :

"C’est une place communale et les voiries dont il parle sont hors-projet. Pascal Smet est en train de démolir tout l’équilibre politique entre les communes et la Région. C’est de la dictature. Ce monsieur fait une fixation sur les concours.../...Avant personne ne s'inquiétait du devenir de cette place. Et nous, on a beaucoup avancé sur ce projet. Or il faut garder un délai raisonnable pour réaliser les travaux. Fin 2006, la tour Dexia sera utilisée, et ce serait bien qu'à ce moment la place ressemble à quelque chose. En relançant un concours aujourd'hui, j'aurais l'impression de perdre cinq ans et je ne suis pas certain que cette formule permettrait d'arriver à un meilleur projet."
Source : Jean Demannez - Le Soir - 11 & 12/10/2005

De son côté, Françoise Dupuis (Secrétaire d'Etat à l'Urbanisme) n'en voit pas du tout l'utilité, soutient le bourgmestre et s'étonne que son collègue du gouvernement s'immisce dans un dossier qui ne relève pas de ses compétences. 
Bonjour l'ambiance au sein de l'équipe !
En octobre 2005, tout en reconnaissant que "la place Rogier est dans un état lamentable" (sic), la réponse de Françoise Dupuis à l'interpellation d'un député au Parlement bruxellois est pour le moins consternante 

"Ce qu’il convient d’appeler véritablement la "place Saint-Josse" (?!) c’est à dire l’espace public situé au pied de la tour DEXIA, est bien communale, même si la petite ceinture et le rue du Progrès sont, quant à elles, régionales. Or, la commune de Saint-Josse ne souhaite pas poursuivre une procédure de concours. La commune invoque en effet les retards de 2 à 3 ans qu’impliquerait une procédure de concours.../...Par ailleurs, contrairement à ce que d’aucuns prétendent, la place Rogier ne présente certes pas le même intérêt urbanistique (?!) que la place Flagey. Il s’agit d’un espace perdu (?!) situé en décrochement de l’axe de la petite ceinture et autour de laquelle ne vivent pratiquement pas d’habitants..."
Source : Françoise Dupuis - Site "disturb" - Octobre 2005

Comme quoi, on peut être Secrétaire d'Etat en charge de l'urbanisme régional et manquer tout autant de vision d'avenir que de regard sur l'histoire.

Qualifier la place Rogier "d'espace perdu ne présentant que peu d'intérêt urbanistique", il fallait quand même oser le dire dans l'enceinte du Parlement bruxellois ! Seul point à retenir de cette déclaration incongrue : la commune avait vraiment raison de craindre un retard de 2 à 3 ans. La suite démontrera qu'elle l'avait même très largement sous-estimé. 

2006
  • Appel à projets européen - Concours d'architectes international (Février)
  • Sélection du candidat-lauréat parmi les 5 projets remis (14/09)
  • Achèvement des travaux annoncé pour début 2009
  • Inauguration de la Tour Dexia (Construction de 2003 à 2006)
Contre toute attente et non sans avoir dû batailler ferme, Pascal Smet obtient finalement que le projet initial du réaménagement de surface soit jeté à la poubelle (hormis pour la partie souterraine relative au parking et au centre de congrès qui restent "domaine réservé" de l'autorité communale).
En janvier 2006, avec l'appui du Ministre-Président Charles Picqué qui a arbitré le conflit interne, le gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale décide de lancer un appel à projets via un concours européen d'architectes. 
A partir de là, tout va très vite, du moins dans un premier temps. 
Neuf mois plus tard, le candidat lauréat (*) est sélectionné parmi les cinq projets en lice. 
Dans un grand élan d'enthousiasme, la renaissance et le baptême de la place transfigurée sont annoncés pour..le printemps 2009.
Même si cela fait rire (jaune) aujourd'hui, cela n'avait pourtant rien d'une bonne blague à l'époque.

(*) Candidat lauréat : XDGA - Architecte Xaveer De Geyter en partenariat avec l'architecte paysagiste français Michel Desvigne et le bureau d'ingénieurs Ney + Partners

Place Rogier & Boulevard du Jardin Botanique - Perspectives d'avenir - STRIP - Promenade arborée, réservée aux piétons et aux cyclistes, reliant la place au boulevard - Auvent débordant sur le STRIP - Bruxelles-Bruxellons


Place Rogier & Boulevard du Jardin Botanique - Perspectives d'avenir - STRIP - Promenade arborée, réservée aux piétons et aux cyclistes, reliant la place au boulevard - Auvent débordant sur le STRIP (Projet lauréat du concours européen d'architectes 2006) - Bruxelles-Bruxellons

"Le souhait est de revitaliser la place en renforçant le lien entre le quartier Nord et le pentagone et de mieux rencontrer des objectifs esthétiques, environnementaux et de mobilité. Le projet retenu a cette ambition : la place est dégagée de toute circulation de transit automobile et caractérisée par l'installation d'un auvent (verre, acier) abritant les accès aux étages du sous-sol. Le plan intègre également le réaménagement de la petite ceinture (de la rue du Marais au boulevard Albert II): il simplifie le tracé des bandes de circulation, crée une large zone piétonne arborée" 
Source : Bruxelles-Espaces publics

"Cet auvent est bien en phase avec l'histoire mouvementée qu'a connue cette place. La visibilité du métro, des taxis, trams et bus, ainsi que celle des espaces souterrains et du centre de congrès s'en trouvera nettement améliorée. Si l'on s'en réfère aux normes bruxelloises, il s'agit là d'un projet tout à fait remarquable et audacieux. Grâce à son emplacement judicieux, l'ouvrage bénéficiera aussi d'une très grande visibilité, si bien qu'il deviendra le symbole d'une place qui, au gré des multiples transformations de ces dernières décennies, s'est peu à peu muée en un espace anonyme.../...La demande des premiers permis de bâtir est prévue pour l'été 2007. Les travaux démarreront en octobre de l'année prochaine et se termineront début 2009"
Source : Conférence de presse du Ministre Pascal Smet
La Libre - 15/09/2006

Comme quoi, on peut être ministre et croire encore aux miracles.
La demande de permis d'urbanisme est introduite 7 mois plus tard (le temps de peaufiner et finaliser les plans).
La procédure de concertation s'étale sur près de 12 mois
Le premier permis d'urbanisme n'est finalement délivré qu'au milieu de l'été 2008. Dès lors, il ne reste plus que 9 mois pour respecter l'échéance de fin de chantier annoncée deux ans plus tôt...et c'est évidemment impossible à réaliser.

2007
  • Demande de permis d'urbanisme (09/05) 
  • Début de la procédure de concertation
2008
  • Fin de la procédure de concertation
  • Obtention du permis d'urbanisme (25/07)
La valse des millions

"De source sûre, l'ARAU a eu connaissance d'un dépassement budgétaire attendu de près de 100%. Le montant total (estimé) des travaux serait passé en quelques mois de 20 millions d'euros, annoncés lors de l'enquête publique, à 40 millions d'euros. Il est édifiant de se rappeler que dans le plan pluriannuel des travaux publics publié en 2005, le projet était estimé à « seulement » 12,2 millions d'euros.../...Cette inflation des budgets vient de ce que le ministre n'avait pas pris en compte les coûts liés à la réfection de l'étanchéité du tunnel Rogier (8 millions d'euros), comme il a sous-estimé le coût des fondations de l'auvent transparent censé créer un puits de lumière à la station de métro"
Source : ARAU - Action urbaine - 23/07/2008

"Interrogé mercredi après-midi, le cabinet du Ministre a souligné que l'étude du sous-sol de la place avait révélé des défauts à l'étanchéité des tunnels. Ces travaux qui n'ont rien à voir avec le projet de réaménagement, doivent néanmoins être effectués si l'on ne veut éviter d'avoir à rouvrir la place dans un délai rapproché. Par ailleurs, le chantier de réaménagement proprement dit coûtera quelque 5 millions d'euros de plus qu'estimé initialement, en raison notamment de l'extension du périmètre des travaux qui seront effectués jusqu'à l'entrée du boulevard Albert II, et de l'augmentation des cours du métal, a-t-on précisé..."
Source : L'Avenir - 23/07/2008
2009
  • Début des travaux de démolition et de gros-oeuvre (06/10) (partie régionale)
  • Début des travaux souterrains : parking - centre de congrès (partie communale)
  • Changement de gouvernement régional (15/07) et problèmes budgétaires
En réaction aux critiques émanant de députés issus du parti politique de son prédécesseur (passé dans l'opposition), la nouvelle ministre en charge des travaux publics affirme que les informations, selon lesquelles les plans de réaménagement de la place Rogier seraient gelés, sont inexactes. 

Brigitte Grouwels a précisé qu'elle entendait prendre à court terme les mesures nécessaires pour procéder au réaménagement de la Place Rogier en la transformant en un grand espace de rencontre incarnant le dynamisme de Bruxelles en tant que capitale de l'Europe.../...Elle
 s'est dite satisfaite du démarrage des travaux de démolition et de gros oeuvre dont le contrat a encore été conclu lors de la précédente législature pour un coût de 3,3 millions d'eurosElle a toutefois ajouté que le financement de la suite des travaux de réaménagement de la Place Rogier et de la station de métro Rogier (35,5 millions d'euros) n'était pas encore prévu au budget régional. La ministre entend voir plus clair sur leur financement en regard de la situation budgétaire actuelle de la Région avant de prendre une décision définitive, d'autant qu'en l'espace de 3 ans, le coût de ces travaux est passé du simple au triple"
Source : L'Avenir - 07/10/2009

Comme quoi, on peut être ministre et veiller à l'argent public (personne ne le lui reprochera) mais n'avoir qu'une notion toute relative du "court terme" puisqu'il faudra patienter 6 ans pour voir le bout du tunnel.

Cette déclaration ne fait que confirmer "l'explosion budgétaire" du projet dénoncée par l'ARAU dès juillet 2008. Mais la situation a changé : Pascal Smet n'est plus le ministre de tutelle, la crise financière internationale a laissé des traces et le nouveau gouvernement bruxellois doit réaliser 300 millions d'euros d'économie. L'heure n'est plus aux dépenses inconsidérées ou aux grands projets trop ambitieux, on s'attelle plutôt à serrer les cordons de la bourse.
Petit problème...
Des contrats ont déjà été signés avec le bureau d'architecture sélectionné et des entrepreneurs...avec des indemnités à la clef en cas de rupture. La Région est donc condamnée à poursuivre les travaux engagés en négociant un compromis. Lorsqu'il est demandé aux architectes de revoir leur copie "en plus modeste", comme personne n'apprécie de devoir dévaloriser ou dénaturer son propre travail, cela entraîne de sérieuses frictions.
Leurs choix esthétiques sont remis en question, notamment le revêtement de surface en basalte fondu noir. Quant au fameux auvent, contraint et forcé, il opère une mutation de "champignon" en "soucoupe". Doté d'une structure sensiblement plus massive, il y perd beaucoup de sa légèreté aérienne et de sa transparence d'origine.

Place Rogier - Auvent surplombant la place et le patio donnant accès à la station de Métro - Projet 2006 modifié en 2010 pour raisons budgétaires - Bruxelles-Bruxellons


2010
  • Budget réduit à 29 millions d'euros
  • Présentation des plans d'aménagement de surface modifiés (08/12)
  • Achèvement des travaux planifié pour l'été 2013
"Le projet initial disposait d’un budget de 39 millions d’euros, le montant total des travaux a désormais été ramené à 29 millions, la Région ne pouvant se permettre des dépenses somptuaires en cette période de disette. “Le coût d’investissement total a été réduit de près de 25 %, grâce à des économies réalisées sur les matériaux utilisés et en prévoyant davantage de matériel standardisé” (?!)"
Source : Conférence de presse de Brigitte Grouwels
La Libre & DH - 09/12/2010

Plus de trois ans plus tard, lors d'une visite du chantier organisée pour la presse en avril 2014, Brigitte Grouwels tentera pourtant de justifier les retards accumulés en les imputant au fait d'avoir choisi des matériaux "moins courants". 
Comme quoi, on peut être ministre et  ne pas avoir peur de se contredire...

"La place Rogier sera difficilement reconnaissable après les travaux. Nous réaménagerons la place de façade en façade avec des matériaux sobres (?!) pour lui donner une apparence moderne. La place Rogier deviendra le nœud multimodal où l’ensemble des modes de transport actifs se retrouveront. Par la même occasion, notre objectif est de faire de cette place une valeur sûre de la capitale, par exemple pour l’organisation d’événements et d’activités. Le programme des travaux est le suivant: Patio : janvier 2011 - à la mi 2011 - Station de métro Rogier : janvier 2011- à la mi 2012 - Auvent : à la mi 2011 - à la mi 2012 - Place Rogier: janvier 2012 - à la mi 2013..."
Source :  Brigitte Grouwels
Page personnelle sur le site CD&V - 08/12/2010

Comme quoi, on peut être ministre et oublier de noter les choses à faire dans son agenda.
Les adjudications de marchés publics pour les travaux de surface et l'auvent ne seront confirmées qu'en janvier 2013, soit...deux ans plus tard.

Place Rogier - Boulevard du Jardin Botanique - Auvent - Patio-Atrium - Station de Métro - Centre de Congrès - Parking - Tunnel routier - Bruxelles-Bruxellons


2011
  • Obtention du permis d'urbanisme modifié (20/05)
  • Début de la deuxième phase des travaux souterrains (Patio-Atrium & Station de Métro)
2012
  • Relance de l'appel d'offres pour les travaux de surface (12/07)
"Selon la ministre, le nouveau marché public porte sur le réaménagement en surface de la place Rogier sur mesure pour les piétons, cyclistes et usagers des transports publics, ainsi que sur l’aménagement d’une grande zone piétonne en dalles de béton blanches de plus de 350 mètres de longueur et 22 mètres de largeur tout près de la Petite Ceinture. Ces travaux de surface débuteront début 2013 et s’étaleront sur 2 ans. Le coût s’élève à 10,5 millions d’euros"
Source : L'Avenir - 13/07/2012

"Dans le cadre du réaménagement complet de la place Rogier, le gouvernement bruxellois a déjà approuvé le marché public pour la construction de l’auvent futuriste. La construction de celui-ci débutera fin 2012. Les travaux à la station de métro Rogier seront terminés d’ici là, estime-t-on du côté du cabinet de la ministre régionale en charge du dossier"
Source : La Capitale - 12/07/2012
2013
  • Attribution du marché pour les aménagements de surface (début janvier)
  • Attribution du marché pour la construction de l'auvent (31/01)
  • Début de la deuxième phase des travaux de démolition en surface (Mai)
  • Achèvement des travaux reprogrammé pour fin 2014
"Sur la base du planning actuel, les travaux de rénovation de la station de métro Rogier seront terminés en septembre 2013. Le délai contractuel de réalisation de l'auvent est de 220 jours ouvrables. Dans l'hypothèse d'un début des travaux en mai 2013, ceux-ci pourraient être terminés en août 2014. La notification pour la commande des travaux relatifs à l'aménagement de la place a été transmise à l'entrepreneur début janvier 2013. Le chantier de réaménagement de la voirie est programmé pour 350 jours ouvrables"
Source : ARAU - Réponse de Brigitte Grouwels
Réunion de la Commission de l'Infrastructure
Parlement Bruxellois - 20/02/2013

"Dès la rentrée (septembre 2013), les phases suivantes s’enchaîneront : aménagement des trottoirs, de la partie centrale et construction de l’auvent. Si le chantier ne rencontre pas de problème majeur, le projet dans sa globalité devrait être achevé fin 2014"
Source : Bruxelles Mobilité - Le Soir - 26/04/2013

PLACE ROGIER - Travaux de réaménagement de la place toujours en cours (Avril 2014) - Bruxelles-Bruxellons
En avril 2014, on est toujours très loin de l'achèvement des travaux promis pour la fin de l'année en cours
La façade Art-Déco de l'hôtel Siru se reflète mélancoliquement dans l'eau sale du "ruisseau" qui traverse la place
2014
  • Changement de gouvernement régional 
  • Fin des travaux souterrains - Patio - Station de Métro
  • Achèvement des travaux de surface annoncés en avril pour début 2015, postposé quatre mois plus tard à l'été 2015
"La fin du chantier de réaménagement de la place Rogier et de la station de métro, dans son sous-sol, approche, ressort-il d'une visite de terrain organisée mercredi par Bruxelles Mobilité, la STIB et la ministre bruxelloise des Travaux Publics, Brigitte Grouwels. Au niveau du trafic en surface, les choses devraient s'éclaircir considérablement d'ici l'été. La rénovation de la station de métro est quasi terminée. Une bonne part de ses surfaces commerciales remises au goût du jour a été rouverte. La partie la plus tardive de son réaménagement porte sur son accès principal créé au centre de la place, via un puits de lumière surplombé d'un immense auvent de 60 mètres de diamètre. Celui-ci devrait être opérationnel d'ici le début de l'année 2015"
Source : BELGA - La Libre - 23/04/2014

 "Normalement nous aurions déjà pu nous promener sur la place et admirer son auvent. Mais étant donné le choix de matériaux moins courants (?!), la réalisation des travaux a subi du retard. Par contre, le Strip sera fin prêt cet été (2014) et il sera possible de s'y balader (?!). Avec ce Strip, nous ne créons pas un Las Vegas à Bruxelles mais une zone de loisirs attrayante et ultramoderne qui dynamisera profondément les environs"
Source : Brigitte Grouwels - DH - 23/04/2014

"Selon Bruxelles Mobilité, l'inauguration de la nouvelle Place Rogier devrait avoir lieu vers le milieu de l'année 2015"
Source : RTBF - 27/08/2014

Fin juillet (20/07), on assiste au grand retour de Pascal Smet au ministère de la Mobilité et des Travaux publics. Après 5 ans d'absence, il retrouve ce dossier toujours ouvert sur son bureau. 
Facétie du destin politique...
Grâce aux problèmes budgétaires rencontrés en cours de route et aux indécisions de Brigitte Grouwels (disparue du gouvernement régional bruxellois), en 2016, c'est finalement quand même à lui que reviendra l'honneur d'inaugurer la nouvelle place Rogier dont il avait initié le projet en 2006.
Comme quoi, ce qui fait le malheur des uns...fait parfois le bonheur des autres !

Place Rogier - Boulevard du Jardin Botanique - Auvent et Strip - Projet modifié en 2010 - Bruxelles-Bruxellons

Place Rogier - Boulevard du Jardin Botanique - Auvent et Strip -  Montage de la structure portante de l'auvent (Mai 2015) - Bruxelles-Bruxellons
En mai 2015, les "balades sur le STRIP" (promises pour l'été 2014 par la Ministre Grouwels) restent un fantasme
Même si on en voit le bout du nez, "l'auvent opérationnel" promis pour début 2015 n'est encore qu'un embryon

2015
  • Début des travaux de la structure portante de l'auvent (24/02)
  • Début des travaux de la superstructure de l'auvent (13/07)
  • Achèvement des travaux reporté à début 2016 (voire au printemps 2016 en fonction des conditions climatiques)
"Initialement, l'auvent devait être chapeauté de verre mais, en cours de réalisation, il est apparu que cette matière était trop lourde (?!). Il a donc été décidé d’utiliser un matériau plus léger : un voile en polyéthylène-tétrafluoroéthylène (*)  Composée de six morceaux, la bâche (?!) sera fixée sur les armatures en cours d’installation. Le montage nécessite l’absence de vent, ce qui n’est pas simple à cet endroit et une température supérieure à 10 degrés. Le placement final se fera aux alentours du 15 octobre"
Source : Camille Thiry, porte-parole de Bruxelles Mobilité
  Le Soir - 24/08/2015

Ce communiqué de Bruxelles-Mobilité est pour le moins surprenant ! Il semble indiquer un changement d'option tardif "en cours de réalisation" comme si on s'était soudainement aperçu que le verre initialement prévu était trop lourd pour la structure réalisée et qu'on avait dû décider in extremis d'utiliser un matériau plus léger, comiquement qualifié de "bâche" alors qu'il s'agit d'une toile architecturale  très performante (*a).
Si tel était le cas, cela mettrait forcément en cause la responsabilité du bureau d'ingénierie qui est intervenu dans sa conception technique dès le départ ou celle de l'entreprise espagnole spécialisée qui l'a entièrement assemblée une première fois en usine pour la tester avant de la démonter pour la livrer à Bruxelles. 
Mais ils peuvent dormir tranquille !
En réalité, cette toile de couverture transparente ETFE (*a) est loin d'être une "nouveauté" ou une décision qui s'est imposée en cours de réalisation pour résoudre un problème de poids, comme le laisse entendre la porte-parole de Bruxelles-Mobilité. Le document officiel d'attribution du marché public (31/01/2013) la reprend déjà clairement dans la description succincte des travaux confiés :
"L'auvent avec un diamètre de 65 m (3320 m²) est une construction métallique avec des triangles ouverts et fermés. Le toit est fermé avec une feuille ETFE complètement transparente. La toiture circulaire est symétrique sur la place mais le pied, implanté entre la place et le strip, est oblique afin de s'intégrer dans la structure souterraine de colonnes" (*b)
Par contre, on n'y trouve aucune mention du "chapeautage en verre" dont parle le communiqué. Le principe d'une couverture entièrement vitrée aurait été abandonné dès 2010, lors de la modification du projet initial pour "raisons budgétaires".
Comprenne qui pourra !

Une autre question subsidiaire peut se poser : 
Lorsqu'on a cherché à grappiller des sous dans la soucoupe du budget, pourquoi a-t-on conservé à tout prix une structure d'auvent aussi imposante et aussi complexe à réaliser (sa mise en oeuvre a apparemment généré pas mal de problèmes techniques) alors que, paradoxalement, l'un des avantages majeurs de la toile architecturale ETFE est de pouvoir couvrir de très grandes surfaces en toute sécurité avec une structure portante réduite et relativement légère ?  (*a)
A tort ou à raison, les architectes ou les responsables politiques concernés étaient-ils farouchement opposés à l'idée de repenser complètement cet élément symbolique du projet ?


(*a) ETFE - Lien vers infos complémentaires et description du produit
N.B. Cette toile est régulièrement utilisée par les bureaux d'architecture pour la couverture de stades, centres commerciaux, halls d'exposition, atriums...

(*b) AUVENT - Lien vers le document officiel d'attribution du marché public

Place Rogier - Perspectives d'avenir - Installation de l'auvent surplombant la place et le patio-atrium donnant accès à la station de Métro - Chantier juillet-août 2015 - Bruxelles-Bruxellons

Place Rogier - Perspectives d'avenir - Installation de l'auvent surplombant la place et le patio-atrium donnant accès à la station de Métro - Chantier juillet-août 2015 - Bruxelles-Bruxellons
Le montage de la superstructure de l'auvent sur la place Rogier - Juillet-Août 2015

Place Rogier - Perspectives d'avenir - Installation de l'auvent surplombant la place et le patio-atrium donnant accès à la station de Métro - Chantier juillet-août 2015 - Bruxelles-Bruxellons


L'auvent de la place Rogier en quelques chiffres...
  • Diamètre : 65 mètres  (*) - On parle aujourd'hui de 60 mètres
  • Superficie : 3.320 m² (*) - On parle aujourd'hui de 3.215 m²
  • Hauteur : 9 m
  • Poids : 250 tonnes
  • Profils métalliques de couverture assemblés : +/- 200 mètres
  • Enveloppe budgétaire initiale : 6 millions d'euros
  • Budget confirmé par adjudication :  4.170.194,44 € hors TVA (31/01/2013) (*)
  • Coût final présumé : 7,5 millions d'euros (sous réserve de vérification)
(*) Lien vers le document d'attribution du marché public de l'auvent
Lien vers le site ARCHITECTURA - Infos complémentaires sur la réalisation de l'auvent
Lien vers le site du bureau d'architecture XDGA (Galerie photos - Place Rogier)
La rénovation de la place Rogier en quelques chiffres qui jouent au yo-yo

2005 - 12 millions d'euros 
Budget prévisionnel inscrit dans le plan pluriannuel des travaux publics de la Région bruxelloise
2007 - 20 millions d'euros (+ 40%)
Estimation du budget annoncée lors de l'enquête publique
2008 - 34 millions d'euros (+ 70%)
Confirmation du budget après les études techniques et l'obtention du permis d'urbanisme (Source : Pascal Smet). Mais, selon l'ARAU, les chiffres réels s'approchent déjà des 40 millions d'euros, notamment à cause des indispensables travaux d'étanchéification du tunnel Rogier qui n'ont pas été pris en compte.
2010 - 29 millions d'euros  (- 26%)
Budget réduit de 39 à 29 millions suite à un remaniement du projet initial et au choix de matériaux moins onéreux (Source : Brigitte Grouwels - 09/12/2010)
2015 - 42 millions d'euros (+ 46%)
Selon un document interne de l'administration régionale bruxelloise auquel un journaliste de "La Dernière Heure" a eu accès, le coût total de la rénovation de la place Rogier s'élèverait très précisément à 42.348.982 € (dont 9,6 millions pour les voiries - 9,3 millions pour l'atrium et les escalators - 7,5 millions pour l'auvent - 6,6 millions pour l'électricité et l'éclairage - 4 millions de frais divers - 3,9 millions pour les études - 1,2 million pour l'étanchéité).
Soit un surcoût de + 46% par rapport au budget drastiquement "raboté" cinq ans plus tôt par la ministre Brigitte Grouwels, soit + 25% par rapport au budget initial avancé par le ministre Pascal Smet en 2008.
(Source "La DH" - 01/12/2015 - Lien vers l'article complet) 
A noter : ces chiffres ne tiennent pas compte des investissements réalisés par la commune et autres copropriétaires du sous-sol (réaménagement du parking et des salles de congrès)

2016 ?
  • Inauguration de la nouvelle place et de ses abords (date non confirmée)
On imagine que la pauvre place Rogier se sentira soulagée d'être enfin libérée de tous les travaux et nuisances diverses qui l'ont martyrisée. On rêve de pouvoir bientôt s'offrir le plaisir d'une balade à pied ou à vélo sur le fameux Strip bordé d'arbres. On espère que d'agréables terrasses offriront à nouveau un peu d'animation à ce lieu désertifié...
Ce n'est pas si sûr ! 
Alors que l'ensemble de l'espace public sera entièrement remis à neuf pour entamer une nouvelle vie, DEUX nouveaux chantiers privés pointent déjà le bout de leur nez...

Le Crowne Plaza (ancien Palace Hôtel) envisage une extension du bâtiment sur sa façade aveugle, le long du boulevard du Jardin Botanique et du nouveau Strip. Cette construction potentielle était d'ailleurs déjà reprise sur la vue d'ensemble du boulevard et de la place dans le projet 2006 (Bloc "en blanc" dans l'illustration ci-dessous). Espérons que l'architecte choisi aura le bon goût de ne pas accoler un immeuble moderne "sans âme" à ces façades classées.
En mai 2015, la presse économique (L'Echo & Trends-Tendances) annonce que le développeur belge Eaglestone a racheté la vieillissante "Tour Sheraton" (1971) et compte reconditionner entièrement ses 40.000 m² de surfaces utiles. A terme, un projet mixte ambitieux devrait voir le jour comprenant toujours un hôtel de standing (mais de taille réduite), plusieurs centaines d'appartements et un tout nouvel espace commercial (un de plus !) ouvert sur la place Rogier réaménagée en piétonnier . Voilà qui nous rappelle le défunt "Centre international Rogier" conçu à la fin des années 50 dans un esprit de mixité fonctionnelle (professionnel-résidentiel-culturel-commercial) et rayé de la carte en 2001.
De là à dire qu'on s'est un peu "précipité" pour entamer les travaux de réaménagement de la place et qu'on aurait peut-être mieux fait de patienter quelques années de plus pour les terminer...il n'y a qu'un pas d'ironie qu'il vaut sans doute mieux ne pas franchir.
Jipé

Place Rogier - Boulevard du Jardin Botanique - Fin des travaux de réaménagement - Future rénovation de la "Tour Sheraton" - Future extension de l"hôtel "Crowne Plaza" - Bruxelles-Bruxellons
Future transformation-rénovation de la "Tour Sheraton" - Future extension de l'hôtel "Crowne Plaza"