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BRUXELLES D'ANTAN, D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN
De coups de cœur en coups de gueule...l'histoire, le patrimoine, les anecdotes insolites, les petits secrets, les découvertes, les curiosités, les grands projets et les actualités qui rendent notre ville vivante, passionnante et attachante mais aussi parfois complètement surréaliste.

lundi 27 janvier 2014

Place et palais de la Bourse au fil du temps


Bruxelles - Place et Palais de la Bourse - Début du XXe siècle - Bruxelles-Bruxellons

Tout là haut, assis sur leurs petits nuages, l'architecte Léon-Pierre Suys et le bourgmestre Jules Anspach n'en croient pas leurs yeux.
Érigé entre 1869 et 1874 et conçu comme une sorte de temple  antique à la gloire du Dieu Finance et de l'expansion de la Belgique devenue la deuxième puissance industrielle moderne après l'Angleterre, l'imposant édifice de style éclectique a bel et bien perdu sa fonction première et s'est reconverti en lieu d'expositions.
Que voulez-vous, Chers Amis, en un siècle et demi, le monde des agents de change a bien changé ! Depuis 1996, les grandes salles bourdonnantes d'activités fébriles et survoltées où ils se rassemblaient sont définitivement reléguées aux oubliettes de l'histoire. Tout comme les  amoureux, ils échangent aujourd'hui par écrans d'ordinateurs interposés. Les bourgeois-boursicoteurs qui se pressaient dans les tavernes voisines pour discuter des meilleurs placements ont déserté les lieux depuis longtemps.

La vie d'une place au fil du temps
En quelques dates et petites histoires

Saut dans le lointain passé de Bruxelles
Que trouvait-on auparavant  à l'emplacement de ce temple de la finance, de l'industrie et du commerce florissant ?
Paradoxalement, un couvent de "moines mendiants".
1238
Douze ans après le décès de François d'Assise (1226 - Canonisé en 1228) , les "frères mineurs"  (Franciscains) sont les premiers à s'installer au cœur de notre ville. 
Rapidement appréciés et respectés pour leurs nombreuses activités sociales sur le terrain en faveur des habitants de la cité, ils attirent l'attention des Ducs de Brabant dont ils obtiennent le soutien et l'autorisation de bâtir un couvent.
A la fin du XIIIème siècle (1294), le Duc Jean 1er est d'ailleurs inhumé sous le cœur de leur église.

Bruxelles - Place et Palais de la Bourse - Couvent des Frères Récollets bâti sur un bras de la Senne à l'emplacement de l'actuelle Palais de la Bourse - Bruxelles-Bruxellons

1517
Après la scission de l'ordre des franciscains en 1517, le couvent est occupé par les "Récollets", une congrégation rattachée à l'ordre des "observants" qui, par opposition aux "conventuels", prône l'observance stricte des idéaux de pauvreté de Saint-François d'Assise. (Le nouveau pape François aurait aimé ça !). La suite de leur histoire est plutôt tumultueuse.
1579
Les guerres de religion entraînent la fermeture du couvent : le chœur de l'église gothique et le tombeau du Duc Jean 1er et de son épouse sont détruits.
XVIIe siècle
Sous la restauration catholique espagnole, le chœur de l'église est reconstruit en style baroque. Les Archiducs Albert et Isabelle y font ériger un monument funéraire en mémoire de la tombe disparue du Duc Jean 1er, ils apportent aussi leur soutien financier aux frères Récollets. La couvent est agrandi à plusieurs reprises pour atteindre une taille imposante. Il comporte une infirmerie, une école, une bibliothèque, une brasserie, une tonnellerie ainsi qu'un "hangar des tubes d'extincteurs" car les Frères Récollets faisaient aussi office de pompiers lors des incendies...
1695
Lors du terrifiant bombardement de Bruxelles par les troupes françaises de Louis XIV, les incendies endommagent sérieusement plusieurs bâtiments du couvent et détruisent la plus grande partie de ses archives.
1796...fin de l'histoire
Bien que patiemment reconstruit, le couvent des Récollets ne verra même pas l'aube du siècle suivant. Sous la domination du régime révolutionnaire français, après plus d'un demi-millénaire de présence au cœur de Bruxelles, les frères franciscains sont chassés de la ville, le couvent est fermé et leurs biens sont vendus puis démolis pour faire place à un nouveau quartier.


1800
Le Marché au Beurre s'installe à l'emplacement laissé vacant par la destruction de l'église du couvent (soit...à l'emplacement actuel de la Bourse).

Bruxelles - Place et Palais de la Bourse - Le Marché au Beurre s'est installé à l'emplacement de l'ancienne église du couvent des Récollets disparue - Bruxelles-Bruxellons

Bruxelles - Place et Palais de la Bourse - Le Marché au Beurre s'est installé à l'emplacement de l'ancienne église du couvent des Récollets disparue - Bruxelles-Bruxellons

Bruxelles - Place de la Bourse - La Senne à ciel ouvert à hauteur du Marché au Beurre qui  fera bientôt place au Palais de la Bourse - Bruxelles-Bruxellons

Suite aux importantes inondations de 1839 et 1850, les premiers débats d'idée pour solutionner le problème de la Senne voient le jour, A l'époque diverses tendances s'affrontent encore. Certains sont partisans de laisser la rivière à ciel ouvert mais d'en épurer les eaux en lui adjoignant des égouts placés sous les quais latéraux, d'aucuns préconisent de la détourner du centre en élargissant le bras extérieur (La Petite Senne). D'autres, convaincus que son épuration relève de l'utopie, pensent qu'il faut se résoudre à  la faire disparaître sous terre.

1865
Une commission d'étude "Ville-Province-Etat" est désignée et remet son premier rapport.

1866
Sur base d'un deuxième rapport, le projet de voûtement complet de la Senne  l'emporte finalement au conseil communal. Il a été soutenu avec force et conviction par le bourgmestre libéral Jules Anspach.
Il y voit l'opportunité de réaliser son vieux rêve:  transformer radicalement les quartiers du bas de la ville paupérisés et les revaloriser en réalisant une vaste opération immobilière susceptible d'attirer de nouveaux habitants issus de la bourgeoisie...ceux qui paient des impôts !. (*)
C'est indubitablement l'un des moments clef de notre histoire citadine moderne car, si on avait opté pour l'une des autres solutions envisagées au départ, le visage du Bruxelles d'aujourd'hui aurait été bien différent.

(*) Pour la p'tite histoire...
Un siècle plus tard, les bourgmestres successifs ont réalisé exactement l'inverse. En se faisant complice de l'avidité des promoteurs immobiliers, ils ont mené une politique urbanistique destructrice du patrimoine architectural qui a chassé la bourgeoisie vers les communes périphériques et largement contribué à paupériser le centre-ville.

Bruxelles - Place de la Bourse - Travaux de voûtement de la Senne entre 1867 et 1871 - Le chantier fera place au boulevard du Centre et le Marché au beurre sera bientôt remplacé par le Palais de la Bourse - Bruxelles-Bruxellons
Travaux de voûtement de la Senne à hauteur de ce qui deviendra le boulevard du Centre et la place de la Bourse
L'ancien Marché au Beurre est visible sur la droite.  Il laissera place au futur palais de la Bourse
Tout au fond, on distingue la silhouette de l'église de l'ancien couvent des Augustins (future place de Brouckère)

1867 - 1871

Le gigantesque chantier commence en février 1867 et se termine par la réouverture de l'écluse et une inauguration le 30 novembre 1871 : 4 années de travaux (un record pour l'époque) qui ne se sont pourtant pas déroulées sans susciter de nombreuses oppositions et polémiques. Les procédés utilisés pour l'expulsion des habitants et les faibles dédommagements octroyés pour les maisons détruites n'ont pas arrangé les choses. Quant à la compagnie anglaise initialement choisie pour exécuter le projet, elle dut finalement être évincée en cours de route suite à la révélation d'un gros scandale de détournement de fonds et à l'absence de toute adjudication publique préalable.
Dans la foulée des travaux de voûtement et de la disparition des quartiers populaires, c'est une nouvelle ville qui sort de terre tout au long des nouveaux boulevards du centre.
Désormais considéré comme insalubre, le vieux Marché au Beurre est l'un des derniers grands terrains disponibles et devient de facto l'endroit idéal pour construire ce Palais de la Bourse emblématique de la réussite industrielle et financière belge qui commence à s'imposer.
Selon le premier plan dessiné par l’architecte Léon-Pierre Suys, le bâtiment est implanté tout en largeur, le long du boulevard.
Le second projet retenu modifie l’orientation de l’édifice qui est finalement érigé perpendiculairement au boulevard et encadré de deux nouvelles rues.
Ce "détail" n'est pas sans importance car, si les fondations de la Bourse avait été implantées dans l'autre sens, cela aurait entraîné la disparition complète des derniers vestiges de l’ancien couvent des Récollets qui seront remis à jour bien des années plus tard. 
Les "précautions archéologiques" que l'on prend aujourd'hui lors de gros chantiers en sous sol n'étaient pas vraiment de mise  à la fin du XIXe siècle.

Place et palais de la Bourse - Bruxelles - 1885 - Les immeubles sur le côté droit de la Bourse ont été  construits en 1883 (rue Maus) - Bruxelles-Bruxellons
Les immeubles sur le côté droit du palais de la Bourse (rue Henri Maus) ont été construits en 1883

Place et palais de la Bourse - Boulevard du Centre (actuel boulevard Anspach) - Bruxelles - Entre 1886 et 1892 - Fin du XIXe siècle - Bruxelles-Bruxellons
Au bout du boulevard du Centre, l'église de l'ancien couvent des Augustins est toujours présente (démolie en 1893)
Les immeubles sur le côté gauche de la Bourse ont été construits en 1886 (rue de la Bourse)

Bruxelles - Palais  et place de la Bourse - Entre 1893 et 1900 -  Au bout du boulevard du Centre (actuel boulevard Anspach) on distingue la silhouette de l'hôtel Continental sur la place de Brouckère, avant l'incendie de 1901 qui détruisit sa toiture - Bruxelles-Bruxellons
Tout au fond,  on distingue la silhouette de l'hôtel Continental avant l'incendie de 1901 qui détruisit sa toiture 

1869 - 1874
En empruntant aux styles Néo-Renaissance, Renaissance italienne et Second Empire, l'architecte Léon-Pierre Suys, concepteur du voûtement de la Senne, veut  faire de ce "monument" l'œuvre maîtresse de sa carrière.
Le péristyle de la façade principale se compose de huit colonnes corinthiennes qui soutiennent un entablement orné d'une guirlande de fleurs et de fruits, symbole de l'abondance. Sur cet entablement repose le fronton triangulaire dans lequel est sculptée la Belgique, entourée de deux génies symbolisant le commerce et l'industrie.
Le grand escalier est gardé par deux grands lions. Version belge des célèbres "Bears & Bulls", le premier avec la tête levée symbolise la "hausse", le deuxième avec le dos courbé symbolise la "baisse", soit les deux tendances du marché des titres.
Placées dans des niches au pourtour du bâtiment, des sculptures d'hommes et de femmes, entourés d'objets symboliques, représentent la sidérurgie (le forgeron), l'agriculture, les sciences et les arts.


Place et palais de la Bourse - Bruxelles - Fin du XIXe siècle - Bruxelles-Bruxellons
C'était au temps où les trams étaient tirés par des chevaux et où les cercueils se déplaçaient sur une charrette à bras

Bruxelles - Place et Palais de la Bourse - Début des années 1900 - Bruxelles-Bruxellons
C'était au temps des hippomobiles et des toutes premières automobiles
C'était au temps où la bourgeoisie ne sortait pas en ville sans chapeaux et beaux habits


Pour doter son œuvre de la plus abondante ornementation décorative de l'époque, l'architecte ne lésine pas sur les moyens. Il fait appel à de nombreux sculpteurs renommés dont  les frères Jean-Joseph & Jacques Jacquet, Albert-Ernest Carrier-Belleuse, Antoine-Joseph Van Rasbourgh, Victor De Haen, Guillaume De Groote, Joseph Van Den Kerckhove, Egide Mélot...sans oublier la participation remarquée des jeunes artistes Auguste Rodin et Joseph Dillens. Ce dernier n'a alors que 23 ans mais il deviendra l'un des plus grands noms de la sculpture belge.
Entamée en octobre 1869, la construction du majestueux bâtiment s'étale sur un peu plus de quatre ans. Si une inauguration officielle anticipée a bien lieu le 27 décembre 1873 en présence du Roi Léopold II et de la Reine Marie-Henriette, les travaux ne sont pas complètement terminés et il faut attendre le deuxième trimestre de l'année suivante pour que les activités boursières puissent enfin s'y installer.

La petite erreur de l'architecte...
Tendre sous les outils des sculpteurs, la pierre utilisée pour sa construction s'avère trop fragile et il faut se résoudre à l'enduire de peinture pour la protéger, ce qui explique son changement d'apparence sur les vues anciennes.
Source : Bruxelles-Pentagone (Roel Jacobs)

On note la construction d'un étage supplémentaire en toiture réalisée dans les années 50
Les bus font leur apparition en complément des lignes de trams et les taxis sont encore jaunes (comme à New-York)

XXe siècle

Après avoir vu défiler les calèches, les brouettes des artisans, les charrettes à bras portant des cercueils et les trams tirés par des chevaux, le place de la Bourse voit apparaître les premières automobiles et les premiers tramways propulsés par l'électricité...

Passant au travers de deux guerres mondiales sans recevoir de bombes sur la tête, l'édifice résiste aussi aux secousses sismiques provoquées par la grande dépression bancaire et boursière de 1929.

Outre le grand café de la Bourse présent dès le début des années 1886, à l'angle de la rue de la Bourse et du boulevard Anspach (Voire illustrations anciennes ci-dessus)  de nombreux autres cafés et tavernes voient le jour pour accueillir les boursicoteurs, investisseurs et agents de change qui se pressent sur les lieux.
Deux d'entre eux ont su préserver leurs décors d'origine (1903 & 1909) et ils partagent un point commun : ils ont tous deux été aménagés dans des bâtiments construits de part et d'autre de la Bourse dans les années 1883-1886.

Liens vers les chroniques qui leur sont consacrées

FALSTAFF
Rue Henri Maus, 17/19 (Classé au patrimoine en 2000)


lundi 20 janvier 2014

BRUXELLES-PENTAGONE - Notre histoire sous les pieds et le regard de Roel Jacobs

BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - CFC éditions - "Livre en tête" conseillé par Bruxelles-Bruxellons

L'homme qui possède Bruxelles avec ses pieds...

Depuis plus de 30 ans, Raoul Jacobs arpente inlassablement les quartiers, rues, boulevards et places de Bruxelles avec un regard curieux et attentif. 
Les moindres détails du patrimoine et du paysage urbain l'interpellent et lui posent des questions. Les réponses entraînent d'autres "pourquoi-comment" au travers desquels, il recompose patiemment les pièces du puzzle.
Sous son regard, l'histoire n'est jamais figée dans le temps: les faits et témoignages du passé se lient, s'entrechoquent, s'entremêlent, se démêlent...pour créer des passerelles entre les différentes époques,  entre le Bruxelles d'hier et d'aujourd'hui
Cette approche transversale et quasi ludique n'en est pas moins rigoureuse et précise. Loin de créer la confusion, elle nous révèle les dessous d'une ville frémissante, bien vivante...façonnée au fil du temps par les luttes d'influence entre ses habitants, les corporations de métiers, les pouvoirs politiques et religieux. Au passage, l'auteur ne craint pas d'égratigner quelques mythes et de fustiger l'une ou l'autre de ces explications pseudo-historiques prises trop souvent pour argent comptant
Son éditeur le définit comme "guide-conférencier-écrivain-vulgarisateur". Oublions la connotation péjorative que peut parfois avoir ce dernier mot, il est assurément pris ici dans le sens noble du terme. 
Roel Jacobs a ce talent rare de partager généreusement son savoir et sa passion sans jamais être professoral ou pédant, de décrypter des choses complexes  avec des mots tout simples, tout en faisant souvent sourire son auditoire par une "zwanze" (verve) typiquement bruxelloise.
Si vous n'avez pas encore eu le plaisir de partager un moment en sa compagnie, avant d'aborder cette "bible" de 400 pages abondamment illustrée qui rassemble les fruits de deux décennies d'exposés, je ne peux que vous conseiller de suivre l'une de ses visites guidées ou l'une de ses conférences (*). 
On comprend très vite pourquoi cet ouvrage est déjà (et restera) une référence incontournable pour tous les amoureux de Bruxelles.

BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - CFC éditions -  "Livre en tête" conseillé par Bruxelles-Bruxellons

".../...On rit et puis on réfléchit à propos de ces "Saint-Michel les plus catholiques" et ceux qui le sont moins et qui figurent eux sur des bâtiments neutres, pour ne pas dire franchement laïques voire proches de la franc-maçonnerie. Véritable puits de science, Jacobs nous régale aussi de listes sur les noms des maisons de telle ou telle rue ou nous emmène à Sainte-Gudule aux enterrements de personnalités importantes depuis son érection. Homme très ouvert, il nous gratifie même d’une généalogie des Nassau. Mais il rejoint aussi le Bruxelles le plus contemporain par exemple à propos des œuvres d’art des stations de métro.../..."
(Extrait d'un article de Christian Laporte  - La Libre.be )


Morceaux choisis à propos de la Grand-Place

"Paradoxalement, beaucoup d'admirateurs de cette place, y compris les Bruxellois, ignorent pourquoi elle est à ce point exceptionnelle, Son aspect actuel est le résultat d'une évolution qui s'échelonne, en effet, sur presque 10 siècles et son usage n'a pas toujours été le même au fil du temps. Ce que l'on voit aujourd'hui résulte de couches historiques superposées les unes aux autres. Il nous faudra prendre en compte au moins trois d'entre elles pour comprendre la logique actuelle de cet ensemble...."

"Du 13 au 15 août 1695, l'artillerie du Maréchal de Villeroi bombarde Bruxelles. (Armée française de Louis XIV). Tout le centre de la ville, un tiers du bâti, est détruit. Sur la Grand-Place, seuls les murs extérieurs de l'Hôtel de Ville et de la Maison du Roi, ainsi que quelques façades en pierre, survivent parmi les décombres. La reconstruction se fait en un temps record. En trois ans (1696 à 1698), l'essentiel de la place renaît de ses cendres. C'est une prouesse pour l'époque. On entend souvent dire que la place présente une grande homogénéité grâce à la vitesse à laquelle elle a été reconstruite. Rien n'est moins vrai. Les acteurs de la construction représentaient des contextes sociaux très différents et des opinions antagonistes. De leurs divergences est née une synthèse unique de la société bruxelloise...et européenne de l'époque..."
(Roel Jacobs).

BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - CFC éditions - Bombardement de Bruxelles (1695) et incendie de la Grand-Place - "Livre en tête" conseillé par Bruxelles-Bruxellons


Nous avons repris deux extraits de la partie du livre consacrée à la Grand-Place (20 pages sur 400) parce qu'elle est emblématique de Bruxelles pour nos lecteurs venus de l'étranger mais aussi parce qu'elle est le point de départ de l'ouvrage. L'auteur est cependant loin de ne s'intéresser qu'aux sites les plus fréquentés par les touristes. Comme l'écrit Claire Billen (historienne à l'ULB) dans sa préface:
"Pas question, avec ce comparse, de pérégriner pieusement de monuments célèbres en patrimoine illustre..."
C'est dans les coins et recoins, au détour d'un fronton, d'une porte d'entrée, d'un bas relief, d'une sculpture méconnue, d'une impasse cachée ou d'une simple plaque posée au coin de la rue...qu'il va chercher la source et les chemins de l'histoire (des histoires) qu'il sait si bien nous raconter.
Sous sa plume, l'expression "faire parler les pierres" prend tout son sens.

Jipé
  
BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - CFC éditions - 1ère & 2ème enceintes - Bruxelles-Bruxellons




BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - CFC éditions - Livre en tête conseillé par Bruxelles-Bruxellons


Lectures bruxelloises
BRUXELLES-PENTAGONE
400 pages - 200 illustrations en couleur et N/B
33 chapitres-promenades-flâneries dans l'histoire
Prix : 35 € 
(Au vu du nombre de fois qu'on reprend ce livre en main pour en savourer tous les détails, ce n'est pas cher payé !)

Contact avec l'auteur - Programme des visites pédestres et conférences organisées

ROEL JACOBS
r.jacobs@visitbrussels.be
 


CFC-Éditions & Librairie Quartiers Latins

Place des Martyrs, 14 - 1000 Bruxelles
Tél. 00 32 (0)2.227.34.03 (CFC éditions)
Tél. 00.32 (0)2.227.34.00 (Librairie)
quartiers.latins@cfc-editions.be

Lien vers leur site - Cliquer ici

La librairie "Quartiers Latins" est une vraie "mine d'or" pour découvrir tous les livres consacrés à l'art, l'architecture, l'histoire et le patrimoine de la Région bruxelloise et de ses 19 communes : des ouvrages parfois introuvables ailleurs.

BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - "L'Ommegang, procession, cortège ou spectacle" - "Les Mendiants de Dieu - Des moines et des soeurs écrivent l'histoire de l'Europe à Bruxelles" - Bruxelles-Bruxellons


Entre autres livres écrits par Roel Jacobs

"L'OMMEGANG"
Procession, cortège ou spectacle ?
La véritable histoire, les dessous et les petits secrets de cet événement folklorique bruxellois renommé. Roel Jacobs les connaît "comme sa poche". Depuis quelques années, c'est d'ailleurs lui qui rédige les textes d'accompagnement lus en public par une personnalité célèbre.

"LES MENDIANTS DE DIEU"
Des moines et des sœurs écrivent l'histoire de l'Europe à Bruxelles
Un regard surprenant sur une partie très méconnue de notre histoire. On est vraiment sidéré de découvrir l'importance fondamentale du rôle joué par ces nombreux couvents  et communautés religieuses présents dans le Bruxelles  d'autrefois.
Malgré leurs tailles imposantes, ils ont tous disparu "corps et âmes" et il n'en reste que quelques rares traces et vestiges visibles.

Deux petit opuscules très intéressants ! On peut juste exprimer le regret qu'ils aient été édités dans un format aussi réduit. Cela ne facilite pas leur lecture et ne met guère toutes les illustrations en valeur. La qualité du contenu dense, fouillé et passionnant, aurait incontestablement mérité une mise en page plus "aérée" mais l'avantage de la formule est qu'ils sont proposés à "petits prix".

BRUXELLES - L'HISTOIRE DANS LA VILLE  
(Edition Marc Van de Wiele - 1994)
UNE HISTOIRE DE BRUXELLES
(Editions Racine - 2004)

Tous deux épuisés et non réédités à ce jour, ces ouvrages ont été publiés à 10 ans d'intervalle et témoignent du fait que le long et patient travail de recherches et de compilations mené par l'auteur ne date pas d'hier.

BRUXELLES-PENTAGONE - Roel Jacobs - "Bruxelles, l'histoire dans la ville" édition 1994 épuisée - Bruxelles-Bruxellons
"Bruxelles, l'histoire dans la ville" - Edition 1994 épuisée et non rééditée à ce jour
En cherchant bien, on peut encore en trouver des exemplaires dans les bouquineries ou sur les sites internet
N.B. Nous assurons nos lecteurs que les articles publiés sur le blog "Bruxelles-Bruxellons" sont libres de toute publicité commerciale rémunérée. 


mardi 7 janvier 2014

De la "Bourse" à "De Brouckère", un boulevard pour les piétons ?


Mise en piétonnier des boulevards du Centre - Place de Brouckère - Place de la Bourse - Avant-projet 2014 - Ville de Bruxelles - Bruxelles-Bruxellons

De la place de la Bourse à la place de Brouckère, une "autoroute urbaine à quatre voies" et deux "carrefours" qui n'incitent pas vraiment à la promenade nonchalante du chaland et coupent le centre historique de notre ville en deux...


Rien de bien neuf sous le ciel bruxellois : on parle de cette idée de réaménagement des boulevards du centre et de la place de Brouckère depuis près de 15 ans (la première étude en ce sens date de la fin des années 90) et elle fait partie intégrante de l'accord de la nouvelle majorité politique PS-MR en place depuis les dernières élections communales de 2012. La résolution de la concrétiser dans un proche avenir s'annonce pourtant comme une vraie révolution.
Nouveau bourgmestre de Bruxelles-Ville depuis le 13 décembre 2013, en bon "communicateur", Yvan Mayeur se devait de marquer sa prise de fonction et d'occuper les médias en donnant une impulsion personnelle forte à un projet significatif de grande envergure.
Ce fut rapidement chose faite: dès les premiers jours de janvier, il annonçait sa ferme intention de faire passer une décision avant la fin du mois concernant la mise en piétonnier d'une portion du boulevard Anspach incluant la place de la Bourse et la place de Brouckère.

Mise en piétonnier des boulevards du Centre - Place de Brouckère - Place de La Bourse - Boulevard Anspach - "Le réaménagement des boulevards du centre n''est désormais plus une  intention, c'est un projet non seulement de mobilité mais aussi de relance économique et esthétique à réaliser" Yvan Mayeur  - 31 janvier 2014 - Bruxelles-Bruxellons

PAROLE TENUE ?
Après 15 ans de tergiversations, ce n'est plus qu'une simple intention, c'est devenu un projet en voie de réalisation.

Le vendredi 31 janvier, le maïeur confirmait qu'un accord avait bel et bien été conclu au sein du collège socialiste-libéral concernant le réaménagement des boulevards du centre et il en précisait les grandes lignes.
Même s'il s'agit d'un compromis qui n'exclura pas totalement la circulation automobile de bout en bout, celle-ci devrait néanmoins s'en trouver entièrement repensée et très fortement réduite et le projet s'avère être plus ambitieux que ce qui avait été évoqué au début du mois.

Mise en piétonnier des boulevards du Centre - Place de Brouckère - Place de la Bourse - Avant-projet 2014 - Ville de Bruxelles - Bruxelles-Bruxellons

L'accord prévoit une seule bande de circulation (forcément "à sens unique") préservée sur la place de Brouckère. Entre cette place et un peu au-delà de la Bourse (jusqu'à proximité de la rue du Lombard soit sur +/- 1km), le boulevard sera entièrement transformé en piétonnier. En direction du Midi, les trottoirs seront fortement élargis et le passage automobile également ramené à une seule bande.
Les nouvelles zones piétonnières seront aussi étendues perpendiculairement aux boulevards, notamment au niveau de la place de la Bourse et vers la place Saint-Géry.
De manière globale, l'objectif est de rendre le centre-ville beaucoup plus "vert" qu'ils ne l'est actuellement. Il  est même sérieusement question de ne plus parler de "boulevards" mais d'une succession de places reliées par des espaces piétonniers pour 'rendre la ville aux citoyens".
Sur base de l'avant-projet ci-dessus, la circulation automobile transversale sera apparemment maintenue au niveau de la rue Fossé aux Loups et de la rue de l'Ecuyer: cette double coupure de la circulation piétonnière sur cette portion du boulevard Anspach, juste avant la place de Brouckère, pourrait être considérée par certains comme un "point faible".

Reste à transformer les déclarations en actes.
Des négociations vont s'ouvrir avec la Région bruxelloise et Beliris en charge de financer ce type de projet. Il est aussi prévu de maintenir un dialogue avec les habitants, les commerçants et les navetteurs concernés au travers de quatre ateliers de discussion.
Si les sauts d'obstacles se font sans mauvaises chutes, la majorité en place espère pouvoir concrétiser le projet pour la fin de l'année 2017 avec un début de chantier qui serait lancé en 2015.

Mise en piétonnier d'une portion du boulevard Anspach incluant la place de la Bourse et la place de Brouckère


Après ce commentaire, un tantinet péremptoire mais réaliste,  d'Yvan Mayeur au début du mois de janvier, les levées de boucliers avaient été quasi instantanées.

Du côté de  "Touring Mobilité"...
Sans la moindre ambiguïté, on est "contre le fait de couper dans les grands axes". Isabelle Norro, porte parole de l'association de défense des automobilistes, s'est même fendue d'une jolie lapalissade en affirmant sans rire : "la campagne est à la campagne et une ville reste une ville" (Qui l'eût cru ?). Dans un esprit plus pragmatique, elle  rajoutait que "la ville est tout d'abord un centre économique". Sans oublier, au passage, un petit sermon à l'attention d'Yvan Mayeur : "Nous rappelons que nous sommes une démocratie (au cas où il l'aurait oublié) et qu'aucune décision ne peut être prise concernant le centre-ville sans que toutes les éventuelles conséquences aient été analysées".
Sur ces bonnes paroles sentencieuses, il faut bien avouer que la réalisation de ce projet gênerait surtout ceux qui, connaissant bien les méandres de la ville, préfèrent "traverser" le centre plutôt que d'emprunter les tunnels ou les boulevards de la Petite Ceinture lorsqu'ils sont encombrés (J'en parle d'autant plus à l'aise que j'en fais partie).
Du côté du Groupement des commerçants du centre-ville...
Les réactions ne sont pas moins vives et péremptoires. On ressort les vieux clichés et on parle carrément d'assassinat: "Ce projet de piétonnier serait la mort des commerces...nous savons que 60% de la clientèle de nos commerces vient faire ses courses en voiture".
Peut-être...mais alors en se garant dans la petite dizaine de parkings sous-terrain voisins...qui resteront forcément accessibles si le projet de piétonnier se réalise. Soyons sérieux et réalistes: trouver une place en surface dans le centre ville relève du pur "coup de bol" et nécessite de tourner "en boucle" à plusieurs reprises en jonglant avec les nombreux sens interdits qui allongent d'autant le circuit. Du reste, si on se fie à "Atrium", ce pourcentage de 60% est complètement faux. Selon les chiffres de l'agence régionale en charge de la promotion du commerce, à peine 14% des clients seraient motorisés.
L'autre argument invoqué est la concurrence des actuels et futurs "Shopping Center" (dont certains offrent du parking gratuit): ce problème est sans doute bien réel mais franchement quel est le rapport avec la réalisation d'un piétonnier ?
Il n'est même pas interdit de penser que faire preuve d'imagination pour offrir un environnement de "promenade-shopping" plus agréable pourrait être une manière efficace de lutter contre cette concurrence et de permettre aux commerces du centre de survivre (voire d'en créer de nouveaux).

On l'aura compris : ce n'est pas de ces deux côtés-là que viendront les encouragements et la volonté d'aller vite.
Mais il y a aussi des avis très positifs....
Voir l'interview du professeur Michel Hubert - CLIQUER ICI 
(Facultés universitaires Saint-Louis)
(Vidéo RTBF - Séquence du JT - Cliquer sur le lien ci-dessus)
Le fruit mûr d'une longue réflexion pour un centre ville plus convivial...

Mise en piétonnier des boulevards du Centre - "Parc Anspach" - Concours BRAL 2012 - Lauréat Prix du Jury + Prix du Public - 1V4M2A - Bruxelles-Bruxellons
Mise en piétonnier des boulevards du Centre - "Parc Anspach" - Concours BRAL 2012 - Lauréat Prix du Jury + Prix du Public - 1V4M2A - Bruxelles-Bruxellons

Future réalité ?
N'en  déplaise à Touring Mobilité et au Groupement des commerçants, il existe également une forte demande citoyenne pour un retour à un centre-ville plus convivial dont la circulation automobile serait, si pas totalement exclue, du moins largement réduite.
Cela fait bien trop longtemps que la place de Brouckère et la place de la Bourse n'ont plus droit qu'au pauvre titre de "carrefour" et que la partie du boulevard Anspach les reliant est tout sauf un lieu de shopping-promenade agréable et apprécié.
En juin 2012 et 2013, le mouvement citoyen "Pic Nic the Streets" avaient réuni  2.000 à 2.500 citoyens, boulevard Anspach et place de la Bourse, pour protester contre la politique du "tout à la voiture"
En juillet 2012, l'association BRAL avait pris l'initiative de lancer un concours de réflexion urbanistique sur le thème "Parc Anspach, une coulée verte au cœur de Bruxelles".
Pas moins de 16 projets avaient été remis et c'est une équipe de 5 jeunes concepteurs bruxellois  (Team 1V4M2A) qui l'avait remporté haut la main en recevant à la fois le Prix du Jury et le Prix du Public.
Pour en savoir plus : accès à l'ensemble du projet "Parc Anspach" et aux explications détaillées - CLIQUER ICI

"Parc Anspach" -  Concours BRAL - L'avenir des boulevards du centre repensé par une équipe de 5 jeunes concepteurs bruxellois (1V4M2A) Lauréats du Prix du Jury & du Prix du Public - Bruxelles-Bruxellons

Même si l'objectif initial de ce concours était juste de lancer des pistes de réflexions et de les soumettre au pouvoir politique, le projet n'était pas pour autant dénué d'ambition puisque cette "coulée verte" englobait déjà l'ensemble de l'axe Nord-Midi.
Autre exemple...
Architecte bruxellois visionnaire qui se préoccupe de la place laissée à "l'être biologique" dans la ville, Luc Schuiten a notamment inventé le concept  de "l'archiborescence" qui mêle intimement le monde végétal à l'architecture et à  l'urbanisme du futur en réconciliant "l'homme des cités" avec son environnement naturel d'origine.

"Les cités végétales" Luc Schuiten - CLIQUER ICI

A la demande des habitants du Quartier Saint-Jacques, il a repensé les trois principales aires de rencontre des boulevards du centre. Son dessin de la place de la Bourse nous laisse rêveur par rapport à la situation actuelle.

Place de la Bourse rêvée par Luc Schuiten (Les cités végétales) - Bruxelles-Bruxellons
 
Premier challenge (le plus complexe) 
Concevoir un nouveau plan de mobilité et de circulation pour accéder au centre-ville (on a dit "accéder", pas "traverser"), tant pour les automobilistes  (accès aux parkings) que pour les bus, les taxis et les véhicules de livraison. L'objectif étant de rendre la ville plus vivante, il faut aussi penser à ceux qui ont choisi d'y résider et doivent conserver un accès pratique à leurs logements (ne fut-ce que pour décharger ses courses).
Si le cœur de Bruxelles est plutôt bien desservi en transports en commun, d'aucuns pensent que le retour d'un tram-navette en surface serait un élément positif pour relier facilement les différents points du parcours Nord-Midi sans devoir, à chaque étape, replonger sous terre dans une station de métro.
On évoque aussi des petits bus électriques assurant les déplacements courts à l'intérieur du Pentagone. Les plus nostalgiques songent à la remise en circuit d'un tram "Old-timer"  et à quelques calèches remontant les boulevards (ça n'a jamais fait de mal à personne de rêver un peu...)
Deuxième challenge
Réussir à maintenir un projet ambitieux qui, in fine, ne soit pas trop édulcoré par des compromis "à la Belge" pour sauter les obstacles et satisfaire aux exigences et aux oppositions des uns et des autres.
Troisième challenge (et non des moindres)  
Eviter l'asphyxie et la disparition des activités commerciales existantes pendant la durée des travaux d'aménagement. On sait que c'est malheureusement trop souvent le cas : les petites entreprises résistent très difficilement à une chute drastique de leurs chiffres d'affaire durant plusieurs mois de perturbations liées au chantier. C'est d'ailleurs ce qui motive, du moins partiellement, l'opposition quasi systématique des associations de commerçants à ce type de projet.

Les défis à relever
Redonner vie à la vieille place de Brouckère martyrisée depuis la fin des années 60 et qui n'en finit pas de dépérir. Dans les années 50, un journaliste américain l'avait qualifiée de "Time Square" tant elle brillait de mille feux, tant elle attirait du beau monde et des enseignes prestigieuses. Qu'en penserait-il aujourd'hui ?
Pérenniser la renaissance de la Bourse dans ses nouvelles fonctions touristiques et culturelles en lui offrant un environnement digne de cet édifice majestueux de la fin du 19ème siècle. 
Remettre en valeur les belles façades des bâtiments qui ont miraculeusement survécu à la "bruxellisation". On passe souvent à côté, sans lever les yeux pour les regarder et c'est bien dommage car 13 façades remarquables, parmi les 20 ayant remporté le 1er concours d'architecture de 1872-1876, sont encore visibles aujourd'hui: certaines d'entre elles mériteraient d'ailleurs une sérieuse restauration.
Recréer un lien piétonnier vivant et animé  faisant la jonction entre les quartiers historiques de Bruxelles actuellement coupés en deux par l'axe Nord-Midi. 
(Pourtour de la Grand Place et quartier Saint-Jacques d'un côté, quartiers Dansaert,  Saint-Géry, Sainte Catherine et les quais de l'ancien port de l'autre)
Quelques défis de taille mais qui valent bien la peine d'être relevés en mémoire du temps où Bruxelles brusselait...
Jipé

Place de Brouckère du temps où Bruxelles brusselait - Bruxelles-Bruxellons

Place de la Bourse et boulevard Anspach du temps où Bruxelles brusselait