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BRUXELLES D'ANTAN, D'AUJOURD'HUI ET DE DEMAIN
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lundi 28 octobre 2013

Des coûts et des couleurs à la mode bruxelloise - Voir la vie en jaune & bleu


Madame Brigitte Grouwels (Ministre des Transports et de la Mobilité au gouvernement bruxellois) n'a jamais changé de couleur politique (CD&V) mais, tout comme son prédécesseur, Pascal Smet (SP-A),  elle aime jongler avec les couleurs...
La petite histoire qui suit peut paraître dérisoire, voire anecdotique...elle l'est beaucoup moins lorsqu'on la relie à d'autres "changements de couleur" significatifs qui se sont produit en Région bruxelloise au cours des 8 dernières années. Combien de controverses, de débats, d'oppositions parfois véhémentes n'ont-elles pas suscités avant de s'imposer ? Pour s'apercevoir, au bout du compte, que les options choisies n'étaient peut-être pas les meilleures...

Des coûts & des couleurs...
Un million d'€ pour repeindre 4.500 poteaux
(222 € par poteau)

Sur les 4.500 feux de signalisation en fonction dans la région bruxelloise, 2.600 anciens modèles sont encore toujours habillés de costumes rayés rouge & blanc. Le gouvernement régional a décidé de les remplacer au fur et à mesure par de nouveaux appareillages, techniquement plus performants, plus facilement modulables et moins énergivores. Nombre d'entre eux sont également équipés d'un signal sonore pour les non-voyants  et de caméras de surveillance.
Ceux-ci sont montés sur de gros poteaux de teinte unie "gris clair métallisé". Un choix qui a des avantages : ils se fondent mieux dans le paysage urbain...et des inconvénients : ils sont moins repérables au premier coup d'œil, tout particulièrement à la tombée du jour ou sous la drache nationale.

Notre estimée ministre semble dorénavant  convaincue qu'il faudrait les habiller d'un costume rayé "jaune & bleu".
En conséquence, elle a décidé de consacrer un budget de 5.000 € à un pré-test de "relooking" effectué sur 16 feux de signalement situés aux alentours des boulevards de la Petite Ceinture et de la rue Belliard.
Pourquoi subitement vouloir changer d'option chromatique alors que le programme de remplacement des anciens poteaux  "rouge & blanc" par des gris n'est même pas arrivé à mi-parcours ? (1.900 feux de signalisation déjà remplacés à ce jour sur un total de 4.500)
D'abord pour les rendre plus visibles: ce qui, en clair, équivaut à reconnaître qu'on s'est planté en choisissant initialement le gris clair uni.

400.000 € pour la campagne de City Marketing
(2 x 200.000 € répartis sur deux législatures)
Ensuite parce que cela s'inscrit dans un plan global de "City Marketing" dont l'étude d'un nouveau logo "be.brussels" fut le point de départ. 
Il est destiné à se décliner partout à l'avenir...tant sur les affiches, brochures d'information, dépliants touristiques, sites internet et documents officiels que sur les véhicules des services publics régionaux, les uniformes, les vélos partagés...et plus si affinités.
Même si elle a été approuvée par le gouvernement en juillet 2012, cette création n'a pas générée que des "coups de cœur".
D'aucuns pensent qu'il faut être doué d'une grande faculté d'imagination pour retrouver la symbolique d'origine de l'IRIS dans cette "fleur" désormais ultra stylisée.
D'autres sceptiques chuchotent en coulisses que ce type de logo manque de caractère et de prestige, passera vite de mode et qu'il serait plus adéquat pour une marque commerciale (Références à IKEA & Zeeman utilisant les mêmes couleurs)...que pour la promotion d'une région. 


Au delà des avis très partagés, il reste que cette volonté d'unification et de cohérence de "l'image publique" arrive avec un peu de retard sur le timing quand on sait que les trams, bus et taxis bruxellois ont complètement abandonné le "jaune & bleu" au cours de la dernière décennie...

Hep Taxi !
Un million d'€ pour remplacer 1.300 Spoutniks
(800 € par Spoutnik)


Dès 2005, Pascal Smet, l'ancien ministre des Transports défend l'idée de relooker les taxis bruxellois. En 2008, le projet présenté est si largement controversé, tant au sein du  Parlement que parmi les professionnels du secteur, qu'aucun consensus ne peut être trouvé avant qu'il ne quitte ses fonctions.

En lui succédant, Brigitte Grouwels trouve un dossier encore chaud ouvert sur son bureau et remet la main au pinceau.
En 2011, la décision finale devient officielle et irréversible. Elle impose le "noir" comme seule couleur de base pour tous les taxis. Les flancs des véhicules doivent dorénavant être paré d'un bandeau en damier "jaune & noir", complété par un tout nouveau spoutnik noir à placer sur le toit. 
Malgré le fait qu'elle soit le fruit de plusieurs années de débats et de concertations, la solution choisie ne manque pas de susciter de nouvelles polémiques et quelques manifestations tapageuses de la part des taximen.
Quant au monde politique, l'opposition parlementaire persiste à y voir la volonté de privilégier les couleurs flamandes à Bruxelles et regrette "haut et fort" qu'on n'ait pas privilégié le "jaune & bleu", couleurs emblématiques de la Région Bruxelles-Capitale et...de l'Europe (Tiens...tiens...tiens...)
A l'époque, le député Aziz Albishari (ECOLO) avait  bien tenté de calmer le jeu en expliquant devant une assemblée médusée qu'il ne fallait pas y voir d'autre malice qu'un clin d'œil inspiré par la mythique voiture de Gaston Lagaffe (*)
Voilà donc d'où venait la gaffe...Silence dans l’hémicycle.
On n'a jamais su s’il était vraiment sérieux ou s’il voulait juste détendre un peu l’atmosphère des débats. En attendant, les 1.300 taxis bruxellois ont bien dû se conformer à la nouvelle réglementation imposée et se procurer (à leurs frais - +/- 65 € par taxi), les fameuses bandes à damiers "jaune & noir" autocollantes ou magnétiques.
Quant aux "spoutniks" (nom donné aux enseignes lumineuses placées sur le toit des véhicules), les anciens "jaune & bleu" ont été mis à la poubelle et remplacés par des "noirs éclairés en pointillés jaune" qui ont été entièrement financés par le budget de la Région à hauteur de 5 millions d'€ (Hors frais de placement).
On se doit de reconnaître qu'ils apportent également un "plus" en matière de sécurité puisqu'ils sont notamment équipés de balises GPS.

Aux dernières nouvelles...
Gros bémol : alors que toute l'opération aurait dû être finalisée en 2012, et que nous sommes presque à la fin de l'année 2013, il y a encore et toujours des taxis bruxellois qui circulent avec des spoutniks des anciennes générations. Sur une seule zone de stationnement réservée aux taxis (dans le quartier européen), la disparité était flagrante,  sur une douzaine de véhicules, on pouvait en repérer 4 qui portait encore un spoutnik "lettre rouge sur fond blanc" (un ancêtre !) et 3 qui affichaient un spoutnik "jaune & bleu"...(18/11/2013).
Quant à la fameuse bande latérale "damier jaune & noir", plusieurs d'entre elles n'étaient pas posées sur la longueur totale du véhicule mais uniquement sur les portières. Peut-être s'étaient-elles déjà partiellement décollées ?
Question "opération esthétique réussie", il semble qu'on soit encore loin du compte...
(*) Petite précision utile pour nos lecteurs venus de lointains pays étrangers: Gaston Lagaffe est un héros mythique de la bande dessinée belgo-bruxelloise créé par Franquin et bien connu pour ses gaffes répétées  qui sèment la confusion au sein de la rédaction du magazine Spirou.

Trams, bus, rames de métro...
Couleurs en commun...

En 2005, l'ancien ministre coloriste des transports Pascal Smet avait également initié un autre  grand changement de couleurs dans le paysage urbain bruxellois : celui des trams, bus et rames de métro de la STIB. 
A la faveur d'une commande de 46 nouveaux trams 3000, les transports en commun bruxellois sont ainsi passé du criard "jaune & bleu" à une élégante livrée "gris et bronze métallisée" conçue par le célèbre designer belge Axel Enthoven. Inspiré par la gamme chromatique de l'Art Nouveau et incontestablement plus séduisant, le nouveau look a progressivement fait la conquête de l'ensemble des véhicules de la STIB.
Exit le "jaune & bleu", couleurs jugées "trop moche". Vive les couleurs "sexy", qui se fondent dans l'environnement citadin sans agressivité visuelle. (C'est le ministre qui l'a dit !).
Dès le départ, ce choix prioritairement "esthétique" donne lieu à quelques sérieuses controverses et suscite des interpellations au parlement à propos de sa mauvaise "visibilité", notamment pour les piétons.
Elles sont vigoureusement relancées en juin 2012.
La STIB est alors confrontée à une véritable "série noire"
Depuis 2010, pas moins de 111 accidents, impliquant des véhicules de transport en commun avec des piétons, avaient été recensés: soit pas loin d'une moyenne de 4 par mois (38 en 2010 - 53 en 2011 - 20 sur les cinq premiers mois de 2012). Sept d'entre eux avaient entraîné le décès du piéton (3 en 2010 - 1 en 2011 - 4 au cours du premier semestre 2012). 
Les nouvelles couleurs adoptées en 2005 reviennent une fois de plus sur le banc des accusés.
Coupables à 100% ? Non…mais peut-être suspectées de complicité...
A l'époque, quelque peu excédée par les questions des députés sur ce sujet sensible, Brigitte Grouwels affirme de manière péremptoire que : "L'analyse des accidents ne permet pas d'établir un lien direct de cause à effet entre la couleur actuelle des véhicules et les accidents" (Sous-entendu; "Arrêtez de m'enquiquiner avec ces fichues couleurs").
Fin des débats !
Un an plus tard, lors de l'annonce récente du pré-test de "changement de look" des feux de signalisation bruxellois, elle adopte pourtant une toute autre position en annonçant que "le choix de la couleur actuelle des trams et des bus de la STIB était une erreur (sic) et qu'il faudrait revenir au jaune et bleu"  (Source : Télé-Bruxelles 16/10/2013)

En résumé (et si on a tout bien tout compris) : selon la ministre,  le choix du "gris clair" des poteaux était une erreur...le choix du "bronze et gris métallisé" des transports en commun l'était également...En tout illogisme, le mea culpa pour le choix du "noir & jaune" des  taxis devrait suivre un jour ou l'autre.
En toute certitude pour ce qui est de la "City Marketing Attitude" (voir la vie bruxelloise exclusivement en "jaune & bleu"), ce n'est pas gagné !
La Région bruxelloise a-t-elle les moyens financiers de s'offrir des changement de look tous les 5 ans en remettant en question les choix précédents ? Est-ce cohérent et vraiment utile ? N'y a-t-il pas d'autres problèmes plus urgents auxquels il faut s'attaquer, notamment en matière de transport et de mobilité dans la Capitale ? Les questions sont posées...

Pas de panique, la législation actuelle se termine d'ici sept mois et la "patate chaude"  sera refilée au prochain gouvernement à constituer après les élections. Si la ministre n'est pas  reconduite dans ses fonctions actuelles, les Bruxellois échapperont peut-être aux panneaux "Attention peinture fraîche" apposés un peu partout (poteaux, trams, bus, taxis...).

Jipé 

Aux dernières nouvelles (31/10/2013) 
La phase "TEST" de peinture des poteaux des feux de signalisation a commencé ce jeudi 31 octobre.
Consciente de l'importance de cette action pour les générations futures, Brigitte Grouwels s'est déplacée en personne pour manipuler le pistolet devant l'objectif des caméras et des appareils photographiques.


Trop "rouge & blanc"...Trop "bleu ciel"...Trop "bleu nuit"...Trop "jaune & noir"...Pas assez bruxellois...?

La peinture "bleue" des poteaux bruxellois a-t-elle été posée par un peintre infiltré de la N-VA ?
En découvrant le résultat, certains ont bien failli s'étrangler: sous les yeux ébahis des spectateurs, les couleurs de la Flandre s'affichaient au carrefour de la Petite Ceinture bruxelloise. Vue sous le ciel gris, la rayure foncée s'apparentait plus au "noir" qu'au "bleu" référencé par le "City Marketing". Ne serait-ce qu'un GAG dû à une première couche de fond destinée à couvrir et neutraliser l'ancienne couleur rouge...doit-on attendre une deuxième couche ?
La ministre s'est voulue rassurante en affirmant que "la couleur allait certainement s'éclaircir en séchant" (?!)
N'empêche...on aurait dû prévenir les journalistes à l'avance car dans le contexte politique actuel (l'annonce du programme de la N-VA à propos de la Capitale), tous ceux qui sont attachés à l'identité bruxelloise auraient pu être "victimes d'une crise cardiaque" en regardant le journal télévisé.

Voir aussi la vidéo de la RTBF...
http://www.rtbf.be/info/regions/detail_brigitte-grouwels-met-en-couleur-les-poteaux-de-signalisation-bruxellois?id=8125517